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Sous-produits animaux : les distorsions vont s’atténuer

La France incinère une part beaucoup plus importante de PAT que le reste de l’Union. Cela tient à une importante proportion de co-produits de gros bovins mais aussi au règlement interdisant la transformation de la majeure partie des farines de viandes et d’os de catégorie 3 en engrais (point fort de l’Italie et de l’Allemagne) et de l’exclusion des PAT multi-espèces en alimentation pour chiens et chats. L’Hexagone recycle relativement mieux ses graisses animales, notamment en lipochimie et en fabrication d’aliments pour les animaux de compagnie carnivores.
Les volumes à détruire vont s’alléger, mais la charge financière du SPE va continuer à peser plus lourdement qu’ailleurs sur les abatteurs français, s’est-il dit aux assemblées générales du Sifco, de la FNICGV et de la FFCG.

Les sous-produits des filières viande seront de moins en moins voués à la destruction, s’est-il dit la semaine passée aux AG du Sifco (industrie des coproduits animaux) de la FNICGV (industrie et commerce de gros des viandes) et de la FFCG (négociants en bestiaux). En effet, la France est en train d’aligner sa réglementation des coproduits animaux, la plus rigide de toutes, sur celle des autres États membres de l’Union européenne. Pour autant, la réforme du SPE (service public de l’équarrissage) ne supprime pas la taxe d’abattage à payer pour financer l’élimination des animaux trouvés morts en ferme.

Tout d’abord, les volumes de sous-produits à détruire ou de coproduits à transformer se réduisent du fait du ralentissement des productions animales. Le Sifco regrette ainsi une diminution de 10 % en 2004 qui concerne aussi bien les matières de catégorie 3 (entièrement valorisables) que celles des catégories 1 et 2, relevant ou non du SPE. Dans le même temps, les valorisations en aliments pour chiens et chats ont progressé pour les protéines animales transformées (PAT) (+ 63 %), les faisant échapper à l’incinération. Par ailleurs, les graisses animales se sont mieux vendues aux fabricants d’aliments pour animaux de rente ou de compagnie.

Des assouplissements réglementaires sont attendus dans l’année, dont l’intérêt est de pouvoir vendre des coproduits en France ou à l’export. Les plus réalisables selon le Sifco sont : la réhabilitation de la fraise de veau et des intestins de bovins de tous âges (hors iléon), la valorisation de coproduits de ruminants en aliments pour chiens ainsi que de certains coproduits animaux en élevage, la levée de contraintes de stérilisation des graisses de ruminants pour l’alimentation animale et la valorisation des cuirs et peaux de ruminants. A un degré moindre de faisabilité, le Sifco voit la valorisation de farines issues de cadavres de porcs et volailles en matières fertilisantes, la valorisation de graisses de ruminants prélevées après la fente de la colonne vertébrale en alimentation animale et humaine et d’autres contraintes tenant aux outils de traitement et de transport. Le devenir des moelles épinières des jeunes ovins de plus de 12 kg et des colonnes vertébrales de bovins de moins de 2 ans semble moins évident. Enfin, le Sifco suggère qu’une incitation fiscale motive la production de biocarburants à base de graisses, comme cela se pratique en Allemagne.

Les fabricants d’aliments se méfient

Ces assouplissements devront accompagner la levée de restrictions qui s’imposent aux fabricants français d’aliments du bétail. Ces derniers hésitent beaucoup à utiliser des graisses de porc et de volaille alors que leurs confrères espagnols les incorporent. Deux raisons à cela. Premièrement, l’alimentation des volailles élevées en France est généralement spécifiée « 100 % végétaux et minéraux». Deuxièmement, la DGCCRF pourrait détecter des « traces» de viande et d’os dans les aliments composés alors que ces résidus sont tolérés dans les graisses en deçà d’un faible seuil. Tant que l’autorité sanitaire n’admet pas des taux maxima de présence protéique et osseuse dans les aliments, ce risque est grand. Et il ne manquerait pas de réveiller les soupçons des consommateurs.

Mais les sous-produits gardent une certaine amertume pour les abatteurs qui vont continuer à payer une taxe d’abattage pour le SPE, certes réduit à l’élimination des animaux trouvés morts. L’État français ne s’engage pas sur une contribution alors que les pouvoirs publics d’Allemagne, d’Espagne, des Pays-Bas et du Royaume-Uni sont plus généreuses. Par ailleurs, l’équarrissage est totalement pris en charge par les éleveurs en Italie et au Danemark.

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