S'imposer en Europe
L'exercice n'a jamais été facile pour les présidents en fonction, si l'on excepte Jacques Chirac. Le Salon de l'agriculture qui s'achève s'est avéré particulièrement âpre pour François Hollande. Après les semaines d'actions dans les campagnes, le président de la République ne s'attendait sûrement pas à une promenade de santé. Habituellement impassible, il aura pourtant fini ses six heures de visite inaugurale, ponctuées de sifflements, insultes et appels à la démission, le visage marqué. Quelle leçon en tirera celui qui laisse encore planer le suspens sur son éventuelle candidature à sa succession en 2017 ? Certes, l'électorat agricole a moins de poids que par le passé, mais la colère paysanne n'est jamais bonne pour la tranquillité d'un pays, d'autant plus quand le secteur représente encore une activité économique importante. « Cette crise a un nom : c'est la surproduction. [...] On a donné beaucoup d'avantages à la grande distribution et on n'a pas mené au plan européen la politique qui convenait », a-t-il déclaré dès la sortie du salon, et d'annoncer qu'il allait « falloir prendre des décisions dans les prochains jours sur la régulation des marchés ». Et de préciser, « il faut retirer certaines productions, notamment des pays qui ont fait en sorte de produire, jusqu'à déséquilibrer le marché ». Étiquetage des produits transformés, prix d'intervention, François Hollande a promis de se battre pour que « l'Europe comprenne la solidarité à l'égard de l'agriculture européenne ». Ces promesses seront-elles suivies d'effets ? Manuel Valls a demandé à Phil Hogan des annonces fortes lors du prochain Conseil des ministres agricoles le 14 mars, plaidant notamment pour l'utilisation des clauses de sauvegarde et des mesures d'urgence de la Pac. Paris sait se montrer ferme dans le dossier Brexit face à Cameron, saura-t-elle se montrer aussi inflexible sur le sujet agricole ? Sachant que le 18 février, seuls douze pays soutenaient le mémorandum français, l'Allemagne et la Commission européenne se montrant réservées. La tâche s'annonce difficile. Il en va du peu de crédibilité qu'il reste encore à François Hollande et au gouvernement auprès du monde agricole. Nathalie Marchand