Sciences : de grands pontes défendent l'œuf «industriel»
Banco ! L’œuf de poules élevées en cages est ressorti parfaitement blanchi de la première séance commune des Académies de Médecine et d’Agriculture. « L’œuf doit être « réhabilité », car il s’agit d’un aliment de choix, selon plusieurs experts […], qui ont pris mercredi (le 17 novembre) la défense des élevages industriels jugés plus « hygiéniques » que les méthodes traditionnelles », résume la dépêche AFP parue le soir même. En tant que coordinateur, Alain Rérat, un vétérinaire appartenant aux deux Académies, a rapporté devant la presse que « l’œuf est le meilleur aliment protéique sur le plan du rapport coût/qualité. Il a aussi pris la défense de « l’élevage industriel » en insistant sur les contrôles sanitaires effectués dans les « élevages modernes ». A cet égard, l’éminent professeur a mis en doute les normes de bien-être des poules pondeuses que veut imposer la directive européenne de juillet 1999, glissant incidemment que l’on risquait, « sous prétexte de bien être animal », de renchérir l’élevage européen au point d’entraîner des délocalisations vers des pays n’appliquant pas les mêmes normes sanitaires ». Pour leur part, Claude Calet et Jean-Claude Blum, directeurs de recherches honoraire à l’Inra, ont réglé leur sort aux idées « exagérées» circulant à propos des « cages trop étroites », de « l’alimentation artificielle » et de l’apport en cholestérol de l’œuf, thèmes évoqués dans leur introduction au débat.
Indépendance
Personne n’avait soufflé le thème de l’œuf aux académiciens, qui revendiquent leur indépendance de tout intérêt particulier, assure l’attachée de presse des rencontres académiques. « L’œuf a été considéré comme le thème le plus fédérateur pour cette première rencontre médecine/agriculture», explique-t-elle. En posant la question de l’impact des méthodes d’élevage sur la santé, il collait à l’esprit voulu par l’initiateur de ces rencontres, Gabriel Blancher, professeur d’hygiène et de santé publique, qui a présidé de l’Académie de médecine jusqu’à son décès au début de ce mois. En outre, l’œuf « fait l’objet de prospections pour la recherche de nouveaux médicaments», précise-t-elle.
Les responsables du CNPO (comité national de la promotion de l’œuf) jurent, eux aussi, qu’ils ne sont pour rien dans le thème choisi. Ils n’en voient pas moins un effet bénéfique de quatre ans de communication pour réhabiliter l’œuf aux yeux des professionnels de la santé et du public ; efforts soutenus par un Comité scientifique constitué en 1998.