Riz : les prix européens restent en berne
Sous la pression des stocks communautaires et lâchés par l’intervention, les prix européens du riz paddy (brut) baissent de moitié cette année et n’ont aucune chance de profiter de la hausse du marché mondial. Les prix de gros des riz blanchis ou blanchis-étuvés (incollables) diminuent donc (d’un quart environ pour les premiers), avec une différence entre les variétés à grain rond, dont l’UE se trouve déficitaire, et les variétés à grain allongé.
Daniel Reboulet, le directeur commercial de Delta Céréales Union, qui collecte 60 % du riz de Camargue, voit chaque semaine à quel point le marché européen est déconnecté du marché mondial. La bourse de Vercelli, en Italie (premier pays producteur européen), cotait le 18 janvier la tonne de riz paddy (brut) entre 160 et 230 euros selon les variétés, comme une semaine avant. De quoi disqualifier une bonne part des riz d’importation dédouanés. L’année est « atypique», considère-t-il. En effet, la nouvelle OCM riz entre en vigueur. Les producteurs n’ont pratiquement plus recours à l’intervention. Deux raisons à cela : le prix public d’achat a été réduit de moitié (en contrepartie de quoi ils ont touché une aide directe en décembre) ; les achats publics sont réduits à 70 000 t pour toute d’Europe contre 2,5 Mt précédemment. En outre, la Bourse de Vercelli reflète le bras de fer entre riziculteurs et riziers (les industriels) italiens, ces derniers étant à la conquête des marchés du Nord de l’Europe et des nouveaux États membres. Les producteurs sont forcés d’écouler sur le marché libre.
Cela va se faire au détriment des importations. Celles-ci constituaient jusqu’alors les deux tiers de la consommation française (origine UE comprise). Delta Céréales Union a sécurisé son débouché en s’associant avec Soufflet Alimentaire dans une usine rénovée cette année. L’union coopérative a doublé sa capacité d’étuvage (à 50 000 t/an de riz paddy, soit la moitié de la collecte camarguaise). Ce process donne le riz « incollable » qui constitue la majeure partie de la consommation en RHF et la moitié en GMS. Avec une collecte 2004 comportant plus de 44 % de riz au grain très long, comme l’aime le consommateur, les Camarguais espèrent coller au marché.