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Quelle alimentation pour quels laits ?

L’alimentation des vaches conditionne en grande partie la composition du lait. Comment l’adapter pour répondre aux attentes sociétales de produits santé, respectueux de l’environnement et du bien-être animal ? Une question complexe qui mobilise tous les acteurs de la filière.

Dans une ère d’abondance, il n’est plus seulement question de répondre aux besoins alimentaires. On demande aux produits alimentaires de contenir une promesse santé tout en respectant un processus durable. L’alimentation des vaches se trouve au début de la chaîne laitière d’autant plus qu’elle conditionne en grande partie la composition du lait. Que mangent les vaches aujourd’hui et que doivent-elles manger demain pour répondre à la demande des consommateurs en termes de qualité nutritionnelle du lait et de respect de l’environnement ?
Depuis plusieurs années, l’interprofession a initié des études pour agir sur les acides gras du lait qui constituent une grande partie de la matière grasse laitière. Car c’est sur ce point que la filière laitière est interpellée face à la montée de l’obésité et la diabolisation des acides gras saturés. Ces derniers sont accusés d’être un facteur de risque cardiovasculaire et une pression s’exerce sur l’industrie pour la reformulation des produits et l’étiquetage des acides gras saturés.
C’est dans ce contexte que le secteur se préoccupe de rechercher un meilleur équilibre naturel entre acides gras saturés et acides gras insaturés dans le lait matière première. Objectif : passer d’un ratio 70/30 à un ratio 60/40. Plus précisément, réduire le taux d’acide palmitique (C16 : 0) et augmenter la teneur en acides gras insaturés, notamment la famille des oméga 3 dont l’acide alpha-linolénique (C18 : 3 n-3) dans le but d’équilibrer le rapport oméga 6/oméga 3. Les entreprises se sont attelées très vite à la tâche. Il est difficile d’ignorer aujourd’hui les produits laitiers enrichis naturellement en oméga 3 grâce notamment à l’apport de lin dans la ration.
Si le lin semble monopoliser la scène, la palme des aliments qui permettent de produire un lait répondant le mieux à l’ensemble des critères nutritionnels conseillés sur la matière grasse revient à l’herbe. Mais ce système a ses limites et n’est pas praticable dans toutes les régions françaises et toute l’année. Les expérimentations technico-économiques en cours étudient des voies complémentaires : remplacement du tourteau de soja par du tourteau de colza, utilisation de la luzerne, de matière grasse végétale riche en AGPI, supplémentation avec des graines ou des huiles de tournesol et de soja…
Par ailleurs, agir sur l’alimentation des vaches c’est également agir en faveur de l’environnement et du bien-être animal. En effet, tout est lié.Valorex et l’Inra de Clermont-Ferrand (avec la participation financière de Danone) ont élaboré une équation qui permet de prédire les émissions de méthane du lait à partir, à la fois, de son profil en acides gras, de la production par vache et du stade de lactation. Ce modèle, validé pour l’instant pour des régimes supplémentés en graine ou huile de lin, a été breveté.
Toutefois la question qui se pose aujourd’hui reste entière : quels laits produire demain et dans quel cadre? Les regards se tournent vers le Cniel. En effet, les industriels souhaitent que cette réflexion et sa mise en musique se fassent au sein de l’interprofession. Les travaux s’orientent dans ce sens notamment pour l’analyse du profil en acides gras du lait avec le projet d’aboutir à une méthode de routine, rapide et peu coûteuse (projet AgraMir - lire page 22).

CRÉATION DE L’OBSERVATOIRE DE L’ALIMENTATION ANIMALE

Par ailleurs, le Cniel a créé en 2009 l’Observatoire de l’alimentation des vaches. Ses priorités : permettre de connaître précisément les différents modes d’alimentation des vaches, leurs évolutions et leurs répartitions géographiques. La finalité de cet outil est de relier les notions de qualité intrinsèque du lait avec les différents types d’alimentation. Et ce n’est pas tout. L’interprofession est à l’origine du programme de recherche Phénofinlait qui scrute le fonctionnement de la glande mammaire afin de faire la part entre les effets génétiques et alimentaires. Ceci dans le but de maîtriser l’impact des facteurs alimentaires sur les caractéristiques de composition du lait et sur les propriétés fonctionnelles des constituants du lait ; de permettre une meilleure prévision de composition du lait en acides gras et en protéines et d’édifier les bases d’une amélioration génétique sur des critères de composition fine du lait.
Ces approches commencent à donner des résultats intéressants mais révèlent en même temps la complexité de la production laitière. Car les situations sont diverses et varient durant l’année et selon la région notamment en fonction du calendrier fourrager de l’exploitation et aussi du stade de lactation des animaux, sans parler de la génétique liée à l’animal. Il ne faut pas non plus perdre de vue que le coût de l’alimentation restera l’élément majeur dans le choix des producteurs.

RITA LEMOINE

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