Produits fermiers : le décret prêt, les susceptibilités demeurent
La clarté sera bientôt faite sur les conditions d'emploi du terme « fermier » grâce à un décret-cadre prêt à paraître. Parmi les filières qui le revendiquent, certaines sont rassurées, d'autres pas tout à fait, d'autres sont carrément frustrées. Les filières organisées de volailles Label rouge sont des plus rassurées. Il y a un an, elles craignaient de perdre la précieuse mention qu'elles estiment indissociable de cette appellation. Le Synalaf estime aujourd’hui qu'il n'aura pas à remettre en cause les normes de taille d'élevage du Label rouge, c'est-à-dire 4 bâtiments de 400 mètres carrés, soit environ 48 000 poulets par an, élevage susceptible d'être conduit par une seule personne. Tout au plus, ses adhérents seraient prêts à rendre obligatoire la mention du nom de l'éleveur sur le produit vendu.
Dans la production porcine, le décret s'applique aussi aux Labels. Mais le Porc fermier d'Auvergne, élevé en plein air, et le Porc fermier de l'Argoat, élevé en courettes, se verront-ils disputer la prévalence fermière par des porcs élevés sur caillebotis ou des porcs sans label élevés dans de grands élevages indépendants ? Le décret n'éclaire pas aussi loin. Une fois paru, il restera en fait à le concrétiser par des cahiers des charges et des notices techniques.
Les plus déçus sont les petits producteurs « indépendants », dont la Confédération paysanne se fait porte-parole. Ils avaient caressé un espoir d'exclusivité. Ils en sont à mendier des orientations telles qu'une participation majoritaire des agriculteurs dans les groupements de qualité, l'interdiction de l'élevage hors sol, ainsi qu’un calendrier obligatoire d'établissement des cahiers des charges par filières.