Poulet, dinde : les prix sous surveillance
Dans quelle mesure la progression des prix de détail des viandes de volailles réalisée au cours de l’an dernier va-t-elle affecter la consommation ? Les opérateurs vont-ils pouvoir maintenir leurs prix de vente alors que l’offre en viande porcine est bon marché ? Ces questions se sont posées au Comité de la volaille de l’Office de la viande mardi dernier. Elles ont d’autant plus interpellé les représentants de la production avicole qu’ils ont le sentiment de n’avoir pas suffisamment répercuté la hausse des coûts de production et que l’année commence mollement.
Le bilan conjoncturel de l’Office fait état d’une hausse des prix de gros à Rungis en 2007 (dont + 18,2 % en poulet classe A, + 16,2 % en poulet fermier) supérieure à celle des coûts de production (estimée à + 14 % pour les volailles de chair). Pour ce qui est de la vente au détail, il fait aussi état d’une progression annuelle de l’indice INSEE à la consommation au moins deux fois plus rapide pour les volailles (+ 4,6 %) que pour l’ensemble des viandes (+ 2,1 %). Une évolution en accord avec le panel TNS Worldpanel des achats des ménages. Les hausses de 2007 n’ont pas empêché la consommation de volaille de grimper de plus belle, après le coup de frein de la crise de la grippe aviaire, et d’atteindre un deuxième plus haut depuis les années 2000 à 2003 (marquées par la seconde crise de l’ESB et de la fièvre aphteuse au Royaume-Uni).
Si les ventes de LDC s’en portent bien, les PME familiales n’ont pas obtenu le niveau de hausse souhaité. Elles ont réussi à faire passer leurs hausses rapidement auprès de leurs acheteurs, grossistes et petits détaillants. Cependant, leur syndicat (Cnadev) établit qu’il aurait fallu une progression d’au moins 25 % des prix de gros entre juin-juillet 2006 et décembre 2007 pour compenser la hausse des coûts alimentaires.
Dans le cas de la filière dinde, la hausse des prix n’est pas déterminée par les coûts de production. L’augmentation de 47,8 % du filet de dinde à Rungis reflète avant tout le déficit de l’offre. « Le calcul par bilan dans cette filière permet d’estimer une baisse de consommation de 6 %, qui résulte directement de la chute de la production », lit-on dans le bilan annuel de l’Office. Toutefois, la restauration semble avoir davantage réagi à cette hausse que la grande distribution. D’après l’Office, le maintien de prix attractifs et la possible détente des matières premières après l’été pourraient aider à enrayer déclin de la production de cette espèce. Pour l’ensemble des volailles, la consommation des ménages devra sans doute beaucoup à la communication.