CHRISTOPHE LATRON PRESIDENT DE BBA
« Permettre des sauts technologiques et amener une innovation de rupture »
Bba fête ses 30 ans. Son président depuis 4 ans, Christophe Latron - directeur recherche et développement du groupe Lactalis - explique l'originalité de cette association loi 1901, qui est à l'initiative du programme de recherche Profil, la première brique de la Milk Valley.
Quel bilan faites-vous de ces 30 ans de travaux collectifs ?
Christophe Latron - Ces années de collaboration ont permis de tisser des liens forts et de créer une confiance mutuelle entre les entreprises et les chercheurs qui permettent aujourd'hui d'aller très vite dans la mise en place de projets de recherche précompétitifs. Le projet Profil en est l'illustration ?
C. L. - Oui. Nous avons réussi à concevoir Profil en à peine 6 mois. Il s'agissait de répondre au quatrième appel à projets de recherche et développement structurants des pôles de compétitivité (PSPC). Profil n'a pas été sélectionné. Mais les adhérents de Bba, ayant une vision commune sur le potentiel des protéines lai-tières, et avec le soutien des collectivités territoriales du Grand Ouest particulièrement les régions Bretagne et Pays de la Loire, ont décidé de le mettre en place. Les industriels supportent 40 % des coûts du projet.
Comment expliquez-vous cette forte implication ?
C. L. - Le financement de la recherche se fait d'autant plus facilement si des retombées économiques sont possibles. L'ambition de Profil est de permettre des sauts technologiques et d'amener une innovation de rupture pour prendre la relève des innovations incrémentales que nous connaissons depuis les travaux de Jean-Louis Maubois sur la filtration par membrane, qui avaient abouti à de l'innovation de rupture. L'antériorité de Bba a fait le reste et l'implication de 40 chercheurs a séduit les régions Bretagne et Pays de la Loire qui se sont associés financièrement à ce projet d'une durée de 6 ans.
Quelle est la liaison de Bba et de la Milk Valley ?
C. L. - Bba est partenaire de la Milk Valley qui a pour aspiration de créer un pôle de compétence laitière d'envergure internationale capable d'attirer des talents et de cristalliser les efforts de recherche dans le domaine laitier au sein des régions Bretagne et Pays de la Loire. La Milk Valley est un concept et Profil est le premier projet qui illustre ce concept, même s'il est une émanation de Bba.
Bba a-t-il une vocation nationale ?
C. L. - Nous avons abandonné il y a deux ans le nom Bretagne Biotechnologie Alimentaire pour épouser une dimension plus large plus ouverte à de nouveaux entrants comme le montre le collège de membres associés. Bba est ainsi devenu une marque. Il faut cependant reconnaître que les entreprises laitières de l'Ouest, coopératives et privées (60 usines) - bénéficient de leur proximité avec la Milk Valley au sein de laquelle on retrouve les organismes de recherche publique.
Quels sont les autres domaines d'expérimentation auxquels s'intéresse Bba ?
C. L. - Plus globalement, la technologie en lien avec le développement durable et l'écoconception, la microbiologie et la sécurité alimentaire, l'augmentation de la DLUO et la DLC... Nous gérons actuellement une douzaine de projets.
Combien de temps consacrez- vous à Bba ?
C. L. - Bien que Bba ne compte pas de salariés, notre association mobilise près de 25 personnes. En ce qui me concerne, je consacre 10 % de mon temps à Bba et à la recherche collective.
LES MEMBRES DE BBA
o Un collège de 11 adhérents industriels privés ou coopératives correspondant à 25 usines en Bretagne et 21 usines en Pays de la Loire: Bel, Bongrain, CF&R, Coopérative d'Isigny Sainte-Mère, Eurial, Lactalis, Laïta, Laiterie de Montaigu, Maîtres Laitiers du Cotentin, Sill, Sodiaal.
o Un collège de membres associés : Actalia Produits Laitiers, Fnil et Coop de France Ouest.
o Un collège d'adhérents scientifiques : Adria Développement, Inra, Agrocampus Ouest et Université de Bretagne Occidentale.
o Les collectivités territoriales de Bretagne et Pays de la Loire soutiennent le fonctionnement de Bba, via l'association Pôle Agronomique Ouest. Cette association, commune aux deux régions, met à disposition de Bba trois ingénieurs qui, pour partie de leur temps, assurent l'animation scientifique de Bba. Les régions participent également au financement des programmes de recherche initiés et accompagnés par Bba.
o Coop de France Ouest et la FniL apportent également un soutien administratif au fonctionnement de Bba. Ainsi, cette association, sans salarié, peut consacrer la quasi-totalité de son budget au financement des projets collectifs de recherche
IDENTITE
Christophe Latron, directeur recherche et développement de Lactalis, est depuis 4 ans président de Bba.
Née dans le sillage de l'Inra de Rennes dans les années 80, l'association Bba fédère 19 adhérents autour d'un objectif ambitieux: initier des projets collectifs liés à la technologie laitière associant équipes de recherche et entreprises au sein de la Milk Valley Cette association est un lieu de travail où les thématiques de recherche collective stratégiques sont définies. Puis les programmes répondant aux questions des adhérents sont co-construits avec les organismes de recherche publics notamment de l'Ouest.
A SAVOIR
Profil
Assemblages PROtéiques multi-Fonctionnels pour l'Innovation en Industrie Laitière - est un projet de recherche porté par Bba, lancé officiellement en janvier 2014.
- Joëlle Léonil responsable scientifique, directrice UMR STLO; Luc Castillo : responsable scientifique industriel, Sodiaal Union; coordination scientifique du projet: UMR Inra STLO; projet labellisé par Valorial
- 10 thèses: 30 années de recherche en 3 ans; 8 stages de master; 13 années de CDD: 7 CDD; 6 équipes de recherche; 11 entreprises
- Financement: 18,5 MEUR sur 6 ans dont 4,3 MEUR régions Bretagne et Pays de la Loire, 7,4 MEUR les entreprises laitières de l'Ouest.