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Pêche : campagne plombée par l'absence d'été


En France, l'entrée massive en production a très vite fait gonfler les stocks.
La récolte était annoncée importante partout en Europe, mais ce sont le printemps estival et l'été printanier qui ont assombri la saison de la pêche nectarine. Premier bilan.

Personne n'aura gagné cette année, c'est un peu la misère partout. » Julien Battle, de la coopérative Ille Roussillon à Thuir, dans les Pyrénées-Orientales, dresse un sombre constat de cette campagne 2014.

Même si les prévisions de récoltes, abondantes dans tous les bassins européens, laissaient entrevoir une année compliquée, « notre gros problème cette année, c'est la météo », résume-t-il. « Il a fait très chaud au printemps, nous avions une quinzaine de jours d'avance sur une saison normale et cela a provoqué des carambolages de variétés et de provenances dès la mi-juin », rappelle-t-il. Le coup de grâce fut porté par l'absence d'été qui n'a jamais permis à la consommation de démarrer. « Nous avons vécu deux mois sous pression et les prix ne sont jamais remontés. » À la mi-juillet, en plein cœur de saison, les prix s'étalaient de 1 euro à 1,30 euro du kg selon les calibres en pêches et nectarines standard.

Système de prix après-vente dénoncé

Des prix plus ou moins semblables, à peine supérieurs en tout cas, à ceux des cotations de Madrid, quand les expéditions vers la France traversaient la frontière à 50 ou 60 centimes d'euros selon Gérard Majoral, président de la commission fruits de la FDSEA 66. Le syndicat a mené plusieurs actions spectaculaires au péage autoroutier du Boulou, au sud de Perpignan, qui furent également l'occasion de dénoncer le système du « prix après-vente », encore largement pratiqué. « Il en passe des centaines de ces camions à la frontière pour attendre ensuite un acheteur, et il n'y a que trois contrôleurs dans le département », dénonce un peu amer le syndicaliste. À la mi-août, la préfecture avait fait effectuer sept actions de contrôles.

À la chambre d'agriculture de Perpignan, Éric Hostalnou commente la campagne en cours. « L'entrée massive en production a très vite fait gonfler les stocks », analyse-t-il, des stocks qui ont pesé jusque fin juillet dans un contexte de consommation atone. « Lorsque les prix sont bas en début de saison, nous le savons, ils ne remontent jamais, au mieux il faut espérer pouvoir écouler le disponible. »

Pointés du doigt par les syndicats, les distributeurs ont-il joué le jeu de la pêche française ? Pour Julien Battle, ils ont perdu cette année autant que les producteurs sur les produits d'été. « Les enseignes mettent au point leur catalogue de promotions et mises en avant avec trois mois d'avance, ils n'ont pas mieux anticipé que nous la mauvaise météo de cet été. » Pour Éric Hostalnou, le constat est plus ” nuancé. « Dans les régions de productions, où ils sont surveillés, les distributeurs n'ont pas tardé à embrayer rapidement sur l'origine France. Ailleurs, on ne sait pas s'ils ont effectivement joué le jeu. »

Les distributeurs ont aussi perdu beaucoup

Au final, l'année sera mauvaise partout en Europe pour les producteurs et les metteurs en marché. Tandis que l'embargo russe, s'il n'a pas d'influence sur les fruits d'été cette année, fait déjà peser une menace sur la campagne 2015.

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