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Pâturage : les graines de prairie composée autorisées à la vente

La commercialisation des mélanges de semences fourragères, jusqu’à présent interdite en France, devient possible. Les premiers semis auront lieu cet automne.

Les éleveurs de bétail vont désormais pouvoir emblaver leurs prairies à partir de compositions de semences fourragères du commerce. Avant l’arrêté paru au Journal officiel ce mois d’août (JORF du 20 août), les sacs qu’ils achetaient ne contenaient qu’une espèce végétale (graminée ou légumineuse) d’une seule et même variété.

Espèces et variétés sont pourtant largement mêlées en Allemagne, au Danemark, en Hollande ou encore en Suisse. Les éleveurs suisses disposent même de mélanges « sur-mesures» comportant jusqu’à 15 constituants.

La différence française remonterait à la révolution fourragère des années soixante, relate Alain Bénard, spécialiste d’Arvalis (Institut du végétal), quand l’Inra a établi qu’un mélange de variétés d’une même espèce donnait rarement de meilleurs rendements qu’une variété unique. Les sélectionneurs français sont alors engagés dans la voie de l’espèce pure. D’où cette crainte du Gnis (Groupement national interprofessionnel des semences et plants) de voir « les efforts de qualité développés sur les semences et les variétés fourragères obérés par une offre où les différences sont moins faciles à appréhender par les éleveurs.»

Cette méfiance n’a plus lieu d’être depuis que l’Union européenne a institué, l’an dernier, un contrôle communautaire de la fabrication des semences fourragères. D’ailleurs, la France a établi son propre règlement technique de fabrication l’hiver dernier. Ainsi, est garantie à l’éleveur qui achètera telle dénomination commerciale, une composition spécifique et variétale précise réalisée par une entreprise agréée à partir de semences pures de qualité technologique certifiée et tracées. Le garant en est le Soc (Service officiel de contrôle et certification), déjà en charge du contrôle de l’ensemble de la production française de semences.

Synergie entre plantes

« Tous les semenciers français ont développé leur gamme», informe le Gnis, qui s’attend aux premiers semis cet automne.

Avantages des mélanges fourragers : ils donnent des prairies plus faciles à conduire que des prairies mono variétales, s’adaptent particulièrement aux terrains hétérogènes et présentent un certain équilibre nutritionnel quand ils ajoutent, par exemple, du trèfle à l’herbe. Ils offrent une diversité biologique appréciée des adeptes d’une agriculture « plus naturelle ». Ces derniers font notamment valoir la synergie entre graminées et légumineuses, ces dernières faisant office d’engrais azoté.

En France, 8 à 10 % des semences fourragères seraient vendues sous forme de sacs sur-emballés, chaque sac apportant une proportion de semence pure. Alain Bénard (Arvalis) ne s’attend pas à un raz-de-marée de demandes pour les mélanges et encore moins à un afflux de semences importées de l’étranger. Il pense que la plupart des éleveurs voudront continuer à choisir leur variété simple en fonction de différents critères et qu’ils se méfieront des mélanges étrangers car adaptés à d’autres terroirs. Mais sait-on jamais...

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