Palettes : les facteurs qui changent la donne

Combien coûte une rotation de palette ? L'industriel a-t-il intérêt à louer, à payer un gestionnaire ? Doit-il troquer le bois contre le carton ondulé ou le plastique ? Plusieurs faits nouveaux soulèvent ces questions.
Les transporteurs se préoccupent de plus en plus de ce que leur coûtent les palettes mises à leur disposition par les chargeurs. L'Untf (Union nationale du transport frigorifique) a décidé de tenir un rendez-vous annuel à ce sujet (le prochain se déroulera le 3 avril 2014). Son groupe de travail « palette » a conçu un logiciel de calcul. Il situe le coût d'une rotation de palette Eur Epal entre un et 1,8 euro. La moitié de ce coût relève de la relocalisation des palettes (qui ne reviennent pas systématiquement à leur point de départ).
Le coût d'une rotation de palette Eur Epal est estimé entre 1 et 1,8 euro, selon l'Unft
Ce coût est ensuite administratif : les livreurs se voient remettre par les plateformes des distributeurs des « bons palette » en cas de non-restitution. Il faut enfin compter les temps consacrés aux litiges, les frais de réparation et la manutention. Ainsi des transporteurs se mettent à facturer de manière annexe la « prestation palette ». Ils peuvent aussi, en connaissant ce coût, opter pour les services d'un spécialiste de la relocalisation des palettes, comme Paki (partenaire de Palettes gestion services (PGS), numéro un national de la palette) ou Palbank. L'augmentation des prix des palettes neuves (de plusieurs pourcents) favorise l'activité de reconditionnement.
Location des palettesMais l'augmentation va peu à peu gagner l'ensemble des palettes, neuves et usagées, selon le Sypal (Syndicat de la palette de bois). Ce renchérissement va pousser les industriels à louer. Les loueurs facturent la rotation de palette. Ils amortissent leurs palettes neuves sur sept à dix ans. En multipliant les rotations, un euro du neuf revient à quelques centimes par prêt. Aujourd'hui, deux prestataires se partagent le marché de la location des palettes : La palette rouge (LPR) et Chep. Il convient d'y ajouter Pick and Go, l'étoile montante de la palette en plastique.
Les fabricants de palettes de bois ont subi au 1er janvier 2014 une hausse « très significative » de leur matière première, soit des trois quarts de leur prix de revient, selon le président du Sypal (Syndicat de la palette de bois) Jean-Louis Louvel. Le patron de PGS (Palettes gestion services) s'attend à une deuxième vague en mars. Le Sypal donne plusieurs causes : la demande mondiale (la Chine a doublé ses importations françaises en 2013 et doit encore les doubler en 2014) ; la demande énergétique (on ne trie plus les troncs, on les broie directement) ; l'épuisement du stock aquitain suite à la tempête Klaus ; et enfin, le manque d'exploitants forestiers. Le prix des palettes, au plus bas depuis la crise de 2008, ne peut que se réajuster à la hausse, selon le Sypal, soutenu par les exportations de produits manufacturés et la demande des GMS.
Louer une palette coûte encore deux fois plus cher que d'en posséder. Mais l'écart va se resserrer à mesure que le secteur locatif va se développer. Enfin, les industriels ont intérêt à réduire le nombre de palettes « couches » ou intercalaires placés entre les références de produits dans les camions de livraison. Ils ont tendance à se tourner vers les intercalaires en plastique ou en carton ondulé, plus léger et moins volumineux. Certains passent au plastique avec la traçabilité par RFID. Toutefois, la palette de bois affiche une disponibilité supérieure et des caractéristiques plus « durables » que le plastique : de faibles empreintes environnementales mises en évidence par l'institut technologique du bois (Fcba), ainsi qu'un approvisionnement généralement local.