PACA : « les PME doivent se prendre en charge »
LM : Vous êtes depuis deux mois à la tête de la FRIAA Paca. Une des missions que vous vous êtes fixée est de poursuivre le développement de la marque collective (Cuisine Provence). Quel est l'intérêt de cette marque pour les PME de la région selon vous ?
Dominique Amirault : Je veux travailler plus en profondeur la « provençalité ». Il n'y a pas plus provençal que celui qui adopte la région, comme moi. C’est une chance que les gens puissent vivre sur un patrimoine de différenciation. La « provençalité », c'est le régime méditerranéen avec une french touch, la convivialité sociale... une alternative au régime anglo-saxon. C'est bien cela qui fait la richesse de la Provence. Nous avons là un positionnement extraordinaire, quand on sait que c'est la région de France la plus connue au monde. Notre marque Cuisine Provence est vraiment une marque collective tournée vers le consommateur et vers l'avenir, en opposition avec la Provence des 3 P (Pagnol, Pastis, pétanque). L'accession pour une PME à la marque permet de se présenter collectivement face à la grande distribution.
A la FRIAA, nous agissons comme une interprofession viticole. Nous faisons les présentations et la promotion, mais nous ne nous substituons pas à la vie des entreprises. Aux opérateurs de négocier !
LM : Votre deuxième mission, je crois, consiste à mettre en réseau les PME pour qu'elles soient plus fortes face aux GMS et à l'export.. Une démarche que vous appliquez d'ailleurs à votre propre entreprise (Soléou). Où en est ce projet ?
D.A. : Je suis très marqué par la réussite des indépendants dans la grande distribution. Leclerc, Intermarché, Systeme U, ne seraient pas là où ils en sont s'ils ne s'étaient pas unis, il y a 25 ans. Il nous faut faire exactement la même démarche. Mais la France ne sait pas gérer la croissance. Les PME connaissent par définition une crise de croissance (comme au passage à l'adolescence). Aux Etats-Unis, il y a un programme d'aide spécifique (le Small Business Act). En France, tout le monde parle de la PME car elle a une belle image mais cela ne se traduit pas par des actes. Nous devons donc nous prendre en charge. Il s'agit de susciter un mouvement volontaire de mutualisation pour le partage des coûts et de permettre des arrangements financiers pour faciliter les reprises et les regroupements d'entreprises. A nous de trouver les partenaires pour aider les PME, et tout d'abord les conseiller. Ensuite nous pouvons intervenir sur des actions très concrètes (mise en place d'un directeur export pour 2 ou 3 entreprises, opération de promotion dans un pays...). Cela va au-delà de la simple déclaration d'intention. Il faut aussi dire aux entreprises que l'export est un métier technique. Quand elles décident d'y aller, nous pouvons leur apporter des moyens techniques et juridiques, pas seulement des aides ; et parfois les déconseiller.
LM : Votre troisième priorité consiste à assurer la pérennité des entreprises. Par quels moyens ?
D.A. : Sur le projet de mise en réseau, les choses avancent très lentement. Pour la question de la reprise des entreprises, beaucoup de boutiques existent, mais vendeurs et repreneurs ont du mal à se rencontrer! Il faut mettre en lien tout ce beau monde et contacter des investisseurs financiers pour faciliter ces mariages. Cela nous prendra aussi beaucoup de temps mais le jeu en vaut la chandelle.