OMC : Bruxelles atteint le taquet sur sa ligne de négociation
La France et ses alliés européens reprochaient déjà à la Commission européenne d’outrepasser son mandat dans sa préparation de la réunion ministérielle de l’OMC en décembre à Hong Kong, au détriment de la nouvelle Politique agricole commune (PAC). Cette fois, la FNSEA et les Jeunes agriculteurs crient à la « provocation ».
Vendredi dernier, les commissaires Peter Mandelson et Mariann Fischer Boel, respectivement en charge du Commerce et de l’Agriculture, ont présenté une seconde offre européenne qui aboutirait, selon les chiffres de Bruxelles à une réduction de 46 % de la moyenne des tarifs douaniers de l’UE (contre 35 % dans l’offre initiale). Ces derniers passeraient ainsi de 22,8 à 12,2 % à l’issue d’une période de six ans commençant en 2008.
En utilisant au maximum les marges de manœuvres de la PAC, la Commission cherche à rapprocher les chiffres mis sur la table par les puissances agricoles mondiales, voulant ainsi donner une chance de reprise au cycle de Doha. D’après Pascal Lamy, directeur général de l’OMC et précédent commissaire européen au commerce, cette « avancée» pouvait se « comparer à ce que les Américains ont dit qu’ils étaient prêts à faire» en matière de subventions à leur agriculture, a-t-il estimé au Grand Jury-Le Figaro-LCI.
Réductions de tarifs plus faibles que celles du G-20
Bien que présentée aux partenaires de l’Union comme « la plus importante» jamais consentie sur les droits de douanes agricoles, cette offre ne contente toujours pas les Etats-Unis, le Canada ni le Brésil, leader du Groupe des Vingt (G-20). Le porte-parole du représentant américain pour le commerce, Rob Portman, a souligné que « les réductions de tarifs proposées sont plus faibles que celles des pays en développement du G-20 (qui serait de 54 % en moyenne) et bien plus basses que celles de la proposition américaine».
De surcroît, Washington voit dans l’offre européenne des chiffres en trompe-l’œil, tout en reconnaissant une certaine avancée. Au Canada, Jim Peterson et Andy Mitchell, respectivement ministres du Commerce international et de l’Agriculture, se montrent d’autant moins satisfaits que l’UE attaque les entreprises commerciales d’État (ECE) exportatrices.