OGM et élevage : à qui profiterait l’étiquetage?
Du lait, des fromages ou des viandes qui n’affichent pas la nature possiblement OGM des aliments consommés par les vaches et les cochons, sont les nouvelles cibles des militants anti-OGM militants. L’incursion de « faucheurs volontaires », dans un hypermarché de Toulouse samedi dernier, en est le dernier témoignage. Autour d’une table ronde organisée par la mission d’information parlementaire sur les OGM Table ronde du 26 janvier organisée par la mission d’information parlementaire « sur les enjeux des essais et e l’utilisation des organismes génétiquement modifiés »., se sont exprimés les partisans et les opposants à une information du consommateur.
Olivier Kriegk, directeur scientifique du groupe coopératif Terrena et représentant de Coop de France, s’est déclaré « favorable à l’étiquetage des produits animaux nourris avec des OGM», dans un esprit « pédagogique», a-t-il expliqué, visant à « dédramatiser». « L’étiquetage peut contribuer à déminer le terrain », a-t-il formulé. Lui ne s’étonnerait pas de voir demain les filières sans OGM occuper un vrai segment de marché. Et il a nié que les surcoûts engendrés en élevage soient du même ordre que ceux du bio.
« On confond l’incidence économique de la transgénèse (dont l’effet est plutôt de diminuer les coûts de production) avec l’incidence, beaucoup plus importante, d’un changement de mode d’achat des matières premières sur le marché mondial », a-t-il argumenté. Au marché des commodités se substitue le marché de gré à gré des protéines végétales ou matières grasses. Terrena se fait le champion de l’approvisionnement sous contrat spécifiant la traçabilité des matières premières. Le représentant de Carrefour a abondé dans son sens, en témoignant de la capacité à tracer le soja au Brésil où « les stocks portuaires sont mieux gérés qu’en France».
Le député Jean-Yves Le Déaut (soc, Meurthe-et-Moselle), qui préside la mission parlementaire, pense au contraire que le consommateur ne se soucie guère de traquer jusque dans les mangeoires le soja non-conventionnel. « Personnellement, je suis très opposé à ce que vous avez proposé », a-t-il répondu à Olivier Kriegk, argumentant que toute trace d’OGM disparaît dans les matières premières ou les animaux qui les consomment. Sournoisement, le député a glissé que la plupart des fromages sont fabriqués à partir de levures transgéniques, sans qu’il soit question de le mentionner sur les étiquettes.
Les avis partagés sur la question de l’étiquetage
Les représentants des distributeurs ont émis des avis partagés sur la question d’informer ou non les consommateurs. Ils répondaient, entre autres députés, à l’ancien ministre de l’Agriculture François Guillaume (UMP, Meurthe-et-Moselle). Celui-ci reprochait à certains « la publicité que vous vous faites à bon compte» en communiquant sur des produits animaux nourris sans OGM, dont l’effet pervers est d’effrayer le consommateur.
Pourtant, les deux représentants d’Intermarché ont exprimé leur réprobation à l’égard de la mise en avant des produits animaux issus de filières non-OGM, l’un à cause des « tentatives de triche » que susciterait fatalement cette orientation, l’autre redoutant qu’une réglementation vienne polluer davantage la signalétique déjà surchargée des linéaires.
Mais le député André Chassaigne (Puy-de-Dôme) n’a pas su, de la part de Carrefour, pourquoi l’enseigne demande aux éleveurs de bœuf charolais des preuves de non-contamination des fourrages par des végétaux génétiquement modifiés.