OCDE : la libéralisation agricole à tout prix
L'abaissement des barrières tarifaires à travers le monde favorisera le développement économique des grands exportateurs de produits agricoles sans forcément nuire à l'agriculture des pays les moins avancés (PMA), ont considéré mercredi et jeudi dernier à Paris des hauts fonctionnaires et des experts au Forum mondial sur l'agriculture de l'OCDE (organisation pour la coopération et le développement économique). Ce forum qui posait la question de la contribution des politiques agricoles au développement était de circonstance alors que la Conférence ministérielle de l'OMC à Hong Kong débutera le 13 décembre. De surcroît, le président de l'OMC, John Tsang, entend au moins sauver un accord sur le développement lors de cette étape.
Ainsi, l'augmentation des exportations brésiliennes de bœuf ou d'éthanol favorisera l'emploi rural et stimulera l'économie brésilienne, a établi Richard Manning, président du Comité d'assistance au développement de l'OCDE. Selon une étude de l'organisation sur la politique agricole du Brésil, l'augmentation des revenus des consommateurs et des producteurs correspondrait à 0,3% du PIB. Constatant que le commerce agricole local se développe au Brésil, l'étude encourage néanmoins le pays à soutenir la diversification et l'efficacité de l'agriculture familiale. Les PMA, eux, peuvent subir les conséquences d'un abaissement des tarifs, admet-on à l'OCDE : à l'importation en ouvrant davantage leurs marchés agricoles, à l'exportation en perdant le bénéfice des accords préférentiels (notamment de la part de l'UE). Selon Stefan Tangermann, directeur de l'agriculture et pêche, il faut « pour les pays qui sont davantage perdants que gagnants», des ajustements et des systèmes d'indemnisations. « Cela les aiderait à diversifier leur économie et à s'orienter vers des secteurs plus prometteurs pour la croissance de leur économie». Il a aussi rappelé que l'OMC permet aux PMA conserver une protection de leurs marchés agricoles, sans réduction pour les 15 plus pauvres de l'OCDE. L'UE est-elle la bonne partenaire pour l'Afrique ? Richard Manning a déploré le faible résultat de ses tarifs préférentiels et le manque de cohérence des projets de développement.