Nutrition sportive : un segment de marché dynamique
Le marché français de la nutrition sportive reste dynamique. Les ventes progresseront de plus de 4 % par an jusqu'en 2016, où elles s'élèveront à 83,5 millions d'euros (contre 73 millions en 2013, ndlr) », affirmait le cabinet Xerfi en octobre dernier en conclusion de son étude sur la nutrition sportive. « Il n'existe pas de panel sur ce marché, mais nous estimons que ces prévisions sont réalistes », commente Magali Lafleur, secrétaire générale du secteur diététique au sein d'Alliance 7. Le Syndicat français de la nutrition spécialisée (SFNS) avançait les chiffres de 60,7 millions d'euros de ventes pour ce marché en 2011, contre 59 millions en 2010, dont seulement un gros quart en GMS. Des données issues de ses entre-prises adhérentes(1). Alors que l'alimentation générale est plutôt un marché en stagnation, le segment de la nutrition spécialisée pour sportifs croît, stimulé par ” plusieurs facteurs : l'incitation à la pratique sportive (reconnaissance du rôle du sport sur la santé, multiplication des infrastructures…), le culte de la performance et la prise en compte de l'importance d'une alimentation adaptée sur les résultats sportifs.
« On note une augmentation de la pratique sportive et notam-ment des efforts d'endurance de plusieurs heures – marathons, triathlons, raids… – qui nécessitent une alimentation spécifique adaptée. Le nombre de participants au marathon de Paris a augmenté de plus de 20 % entre les éditions 2012 et 2015. L'évolution à la hausse encourage les entreprises à développer leur offre », souligne Magali Lafleur.
“ On note une augmentation de la pratique sportive
Le développement des produits passe par l'axe de la praticité (développement de sticks, de gels, de boissons à emporter…), mais aussi des goûts plus naturels, comme Isostar (marque de Nutrition & Santé) qui a lancé un nouveau gel antioxydant à base de cranberry en mars 2014 ou Ergysport (marque du laboratoire Nutergia) avec deux nouvelles références en septembre 2014 de barres énergétiques aux fruits et aux céréales goûts abricot et fruits rouges. Une tendance qui devrait permettre à la nutrition sportive de séduire des amateurs et occasionnels, ou encore des personnes cherchant des produits affichant un positionnement santé/bien-être.
Porteur, le secteur de la nutrition sportive présente aussi l'avantage pour l'industrie agroalimentaire de concerner de nombreux circuits de distribution. Lactalis s'y intéresse avec notamment le lancement de Sportéus, boisson laitière de récupération. Le créneau reste toutefois une niche encadrée par une réglementation particulière qui doit prochainement évoluer.
Bien qu'en croissance, le marché de la nutrition sportive reste toutefois une niche. Afin de dépasser ce statut, « l'enjeu pour les opérateurs est de parvenir à élargir leur cible de consommateurs, historiquement constituée des adeptes de la musculation et des sportifs professionnels », conclut Xerfi dans son étude. La cible potentielle est large puisqu'environ 15 millions de Français fréquenteraient une salle de sport (un tiers y étant inscrits de façon ré->> gulière) et 18 millions seraient licenciés sportifs (chiffres de 2013).
Sport « sur ordonnance »Le fait que l'activité physique et le sport pourront bientôt figurer sur l'ordonnance des malades chroniques, si l'amendement à la loi de Santé déposé par l'ex-ministre Valérie Fourneyron est définitivement adopté, aura-t-il un effet dopant sur le marché ? Pas si sûr, d'après le Syndicat français de la nutrition spécialisée. « Nos produits s'adressent aux sportifs à la recherche de produits fiables et de qualité, leur permettant de pratiquer leur activité en toute sécurité. Le sport “ sur ordonnance ” devrait concerner des catégories particulières d'individus – en surpoids ou obèses, par exemple – ayant besoin d'une activité physique adaptée. Il ne s'agit donc pas forcément de personnes qui doivent s'orienter vers des aliments pour sportifs tant qu'ils n'atteignent pas une pratique régulière et intense », analyse Magali Lafleur.
Si le segment porteur peut susciter des convoitises de la part d'industriels « généralistes », le SFNS se bat pour maintenir une réglementation spécifique autour des aliments pour sportifs (lire ci-contre) afin de prendre en compte des besoins nutritionnels ciblés, de maintenir un niveau de qualité homogène et de garantir l'absence de substances dopantes.
(1) Artenay Cereals SAS, DHC Nutrition, Diete Sport France, Ineldea, Inko France, JLB Développement, LSDH, Monbana, Naturenvie, Nutribio, Nutrition & Santé, Pileje, Pro Dietic, PYC (Lab.), Sopadiet, selon le site du Syndicat français de la nutrition santé.