Nutrition animale : les FAB inquiets pour la santé de l’élevage
«Les flambées brutales du marché des céréales impressionnent davantage à Coop de France que le niveau des prix. Le blé est passé de 110 euros à 250 euros la tonne en l'espace de six mois, commente Jean-Luc Cade, président du secteur Nutrition animale (ex-Syncopac) de l'organisation. Aucun industriel ne peut absorber une telle hausse aussi rapide ». « La volatilité est le vrai problème de fond », considère-t-on à Coop de France, dans la mesure où les répercussions en aval sont lentes. Jean-Luc Cade ne s'arrête pas à ce constat. En tant qu'éleveur de porcs en Bretagne, il a été aux premières loges, l'an dernier, de la dégringolade du prix du porc, en l'espace de trois semaines. Pour lui, les éleveurs hors sol entrent dans une nouvelle ère ; une ère dans laquelle les retournements de conjoncture sont plus fréquents, plus rapides et plus brutaux. Soutenir leurs productions animales dans un tel contexte représente un nouveau défi pour les coopératives. Interrogé sur l'hypothèse d'une contractualisation des approvisionnements de céréales, Jean-Luc Cade répond qu'il y voit une des pistes visant à limiter les à-coups, tout en émettant une réserve : « jusqu'à présent, les esprits n'y sont pas prêts ».
Les OGM, facteurs limitants
Les fabricants d'aliments disposent d'une marge de manœuvre à travers un bon panel de matières premières admet le responsable professionnel. Saisir les opportunités, comme ce lot d'avoine acheté à bon prix par une coopérative, et modifier les formulations en conséquence permet d'amortir la hausse des matières premières.
La coopération a ainsi importé 200 000 tonnes de maïs, essentiellement du Brésil. « Elle ne reste pas scotchée à ses fournisseurs français », souligne Jean-Luc Cade, lequel apprécie que de telles opérations servent à envoyer des messages aux apporteurs de céréales. Les responsables de Coop de France ont toutefois constaté que l'UE se coupe d'une partie des disponibilités existantes sur pays tiers en limitant ses autorisations de variétés OGM. Quant aux drèches de céréales issues de la production d'éthanol, leur volume reste encore limité.
Leur plus grosse inquiétude réside dans le risque de cessations d'activité, « réel en élevage porcin ». La hausse des céréales occulte celles de l'énergie et des transports, qui remettent en question de façon durable les prix des produits animaux. Les augmentations de paiement passées, de 50 à 60 euros par porc charcutier, restent insuffisantes, sans considérer les éventuelles hausses à venir. De leur côté, les éleveurs de jeunes bovins s'interrogent sur l'opportunité d'engraisser. Les fabricants seront-ils payés des aliments livrés ?
La coopérative fera le maximum pour sauver ses éleveurs, assure Jean-Luc Cade : avances de trésorerie, tours de table avec les banquiers... Dans la mesure du possible.