« Nous croyons à la production européenne de volaille »
Les Marchés : Ces deux acquisitions sont-elles des opportunités ou répondent-elles d’emblée à un plan de développement susceptible de se poursuivre, en Europe occidentale et en France ?
Philippe Chatelier : Ce sont des opportunités, oui ; des entreprises familiales comme celles-ci, il n’en reste pas beaucoup à prendre. Mais elles s’inscrivent dans la stratégie de développement qui consiste à acquérir une dimension européenne incontournable. Nous sommes aussi à l’affût d’opportunités en France. OSI croit à la production européenne de volaille.
LM : Quelles sont les synergies possibles entre les trois entités Moy Park, Padley et Dove Valley ?
PC : Les trois ont une production avicole intégrée. La maîtrise de l’amont est essentielle, pour une question de coûts et de traçabilité de la matière première. Les trois sociétés montrent aussi une grande complémentarité en termes de positionnement et de clientèle. Padley apporte les clients que Moy Park ne livrait pas, notamment dans la grande distribution. Moy Park est très forte dans la restauration hors domicile.
Nous avons toujours optimisé la production à travers nos sites d’Irlande du Nord et du Nord de la France. Cette synergie s’étend maintenant à la Grande-Bretagne. Nous pouvons aussi mieux répondre à des commandes à d’échelle européenne. La fourniture de filets grilled chickens pour la nouvelle gamme de Salads Plus de McDonald’s en Europe Occidentale est un exemple. Nous partons sur une base de 60 tonnes par semaine répartie entre trois usines, en Allemagne, en Grande-Bretagne (c’est Padley) et en France.
LM : A propos de ces grilled chickens, quelle est l’origine des filets ?
PC : Le projet global a abouti au fait qu’il fallait de la matière fraîche, calibrée et travaillée d’une certaine façon par nos fournisseurs référencés. Les filets sont par conséquent d’origine européenne.
LM : Les importations européennes n’arrêtent pas de progresser ; que faut-il faire ?
PC : On voit que les produits cuits de Thaïlande se développent fortement. En effet, ils sont moins taxés que les produits crus. Harmoniser les taxations relève d’une décision politique. La filière volaille n’est pas la seule concernée. Demain, des plats cuisinés peuvent venir de n’importe où et court-circuiter toutes les filières.
LM : Moy Park a adhéré à la Fédération des industries avicoles (FIA) cette année. Quel est votre intérêt et que pouvez-vous apporter ?
PC : Nous n’avions pas ce souci avant. Notre développement, à partir du rachat de l’usine d’Hénin-Beaumont en 1988 a été très rapide. Nous souhaitions ne plus être à la marge du système. Nous pouvons apporter notre connaissance du marché international et européen, les enjeux n’étant plus franco-français.