Mozzarella : Eurial et ses partenaires affichent leurs ambitions
Une lueur d'espoir dans un paysage laitier sinistré ? Dans un contexte difficile (fermeture d'un site de Celia, liquidation judiciaire de Nazart, difficultés d'Entremont), une initiative commune aux coopératives Eurial Poitouraine, Terrena/Laïta et à l'entreprise Celia pourrait donner un bon bol d'air aux producteurs de l'Ouest. Les trois groupes ont rendu public le 9 janvier leur projet de création d'une fromagerie destinée à produire de la mozzarella à Herbignac (Loire-Atlantique). Ils rappellent que « les producteurs de lait du grand Ouest se trouvent actuellement dans une situation tendue avec la baisse des soutiens voulue par la PAC, qui entraîne la baisse de la valorisation des produits laitiers. (...) Des industriels se désengagent et des producteurs risquent de se retrouver sans débouché ». D'où ce projet, initié par Eurial Poitouraine, qui a sollicité des partenaires pour le rendre plus consistant. « Si on veut être à taille mondiale, il faut des ressources laitières et des moyens financiers importants. Le but est de bloquer la spirale infernale de baisse des cours, il s'agit d'un projet de filière », explique le directeur de la communication d'Eurial Hubert Durand.
Pourquoi opter pour la mozzarella ? « On raisonne sur le moyen terme, poursuit le dirigeant d'Eurial. Avec 15 % de la production, la mozzarella est le premier fromage au monde. Ce gros marché mondial croît en même temps que la pizza, qui continuera à se développer dans les 15 ans. » Le nouveau venu, qui vise une production annuelle de 30 000 tonnes, pourrait dans ce contexte trouver sa place. « Le marché augmente en moyenne de 2 à 3 % par an. Le volume mondial est de 2,6 Mt. Gagner 1 % du marché mondial semble jouable », souligne Hubert Durand. La mozzarella présente aussi l'intérêt d'intégrer toutes les composantes du lait, matière protéique et matière grasse, et d'avoir un plus faible prix de revient que d'autres fromages.
22,4 M Eur d'aide espérés
Séduisant sur le papier, ce projet de 56 millions d’euros ne pourra voir le jour sans subventions publiques. Sa réalisation est « assujettie au fait qu'on réussira à mobiliser tous les financements », insiste Hubert Durand. Le ministère de l'Agriculture verrait d'un bon œil ce dossier. 22,4 millions d’euros d'aides, surtout des fonds structurels européens, sont espérés. On pourrait y voir plus clair sur ce point crucial d'ici fin février. Un quatrième industriel de la région pourrait d'ici là avoir rejoint le projet pour lui donner plus de poids encore. Eurial fait état de « contacts ». Présenté aux collectivités locales dans les salons de la préfecture de Loire-Atlantique, le dossier a reçu « un soutien unanime et encourageant», selon Hubert Durand. Avec une collecte de 300 millions de litres, le projet permettrait il est vrai de « générer des débouchés durables pour 1 000 producteurs» et créerait une centaine d'emplois.
Un de ses atouts est de s'appuyer sur un outil industriel existant, la laiterie Eurial d'Herbignac, qui produit de la caséine. « Herbignac rend le dossier réaliste au niveau financier», note Hubert Durand. La préexistence du site a aussi l'avantage de raccourcir les délais : si les aides sont rapidement débloquées, les travaux pourraient débuter en 2007 et la production en 2008.