Matières premières : l’Europe mal préparée
La flambée des matières premières était envisageable depuis des années. Louis Behaguel, directeur général adjoint de InVivo l’a rappelé à l’assemblée générale du pôle animal de Coop de France mercredi dernier. La consommation mondiale croît plus vite que la production et il n’y a désormais plus de stocks. Qui va pouvoir compenser l’appel d’air des biocarburants ? Le programme industriel américain de production d’éthanol suit son cours et les perspectives de consommation énergétique de maïs à 10 ans ne sont limitées que par le souhait de ne pas léser les autres utilisations. L’éthanol, c’est devenu la variable d’ajustement, le « filet modérateur » du marché domestique américain qui n’a plus besoin de deficiency paiements, analyse le spécialiste. Louis Behaguel est aussi sûr d’une chose : il manquera en 2016 plus d’une vingtaine de millions d’hectares de soja et de maïs en Amérique du Sud pour équilibrer cette partie du monde. Quant à l’Europe, elle ne peut compter sur les secours de la Mer Noire, trop sensible aux aléas climatiques. Pour une fois, le climat n’est en cause que « très secondairement ». En effet, la production américaine de maïs est excédentaire et la production mondiale de blé dans la moyenne de ces cinq dernières années. « Partout dans le monde la consommation a été prise à revers », a expliqué Louis Behaguel. Mais l’Europe manque de souplesse, a fait remarquer le dirigeant d’InVivo : ses filières animales paient leur maïs beaucoup trop cher à cause de ses restrictions à l’importation d’OGM non autorisés pour l’alimentation animale.