Mariann Fischer Boel soutient ses convictions
Ouverte sur les solutions de gestion de crise, conciliante en matière de réforme laitière et de paiements uniques mais ferme sur la réforme vinicole et la libéralisation des échanges, ainsi s'est montrée Mariann Fischer Boel mercredi devant la commission des affaires économique, de l'environnement et du territoire de l'Assemblée nationale.
« Sur la gestion de crise, je suis ouverte aux idées », pourvu qu'elles soient compatibles avec les règles de l'OMC. « Je n'ai pas de position ferme », a confié la Commissaire européenne en charge de l'agriculture et du développement rural à la fin d'une séance de près de deux heures. Parmi les idées recalées d'emblée figure l'aide aux exportations de viande de porc qui serait un « mauvais signe » adressé à la production. En revanche, l'invitée s'est félicitée de la décision d'aide au stockage privé. Sortie de l'exemple porcin, la Commissaire a trouvé un intérêt dans les propositions de mutualisation des risques. Elle verrait bien « un système d'assurance » cofinancé par un pourcentage du budget issu de la modulation des aides.
En matière de réforme laitière et d'abolition des quotas, Mariann Fisher Boel a insisté sur son souhait d'un « atterrissage en douceur ». Pour éviter que le lait ne se concentre dans les zones les plus compétitives au détriment d'autres, comme les zones de montagne, elle a suggéré que les États aient recours à une certaine « souplesse d'application » dans les soutiens, qui seraient nécessairement cofinancés.
La question viticole, sur laquelle les députés se sont particulièrement mobilisés, a irrité la Commissaire qui s’est dite prête à retirer sa proposition de réforme si aucune solution n'était trouvée. Disposée là aussi à un « atterrissage en douceur », elle a néanmoins proposé de concentrer sur la première année de réforme la plus grande part du budget prévu pour encourager la déprise. Elle a tenu à préciser que ces mesures n'étaient pas obligatoires mais sociales et que les 200 000 hectares de vignoble en moins ne constituaient pas un objectif.
Un discours plutôt dogmatique
Au sujet des échanges, Mariann Fischer Boel a eu un discours plutôt dogmatique : refus des aides à l'export pour la viande porcine en crise, pas de paiements directs « contra- cycliques » qui fausseraient les échanges et budget réduit pour la promotion à l'export des vins. Allant au bout de ses convictions, la responsable européenne a proposé de supprimer le temps d'une campagne les prélèvements à l'importation des céréales, ceci afin d'en tester les effets. Elle n'a fait aucun commentaire quant aux distorsions monétaires.
Le Commissaire avait précédemment argumenté, dans sa présentation introductive, une refonte des DPU (droits à paiement uniques). Ceux-ci, comme annoncé au récent conseil informel de Porto, s'appuieraient sur des références moins historiques, feraient l'objet d'abattements par tranches progressives. Cette modulation supplémentaire pourrait servir à financer des politiques particulières.