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Marché à terme du porc : Hanovre ne fait pas l’unanimité

L’unique marché à terme européen de la carcasse de porc est en Allemagne, à Hanovre. Son utilité pour les éleveurs n’est pas évidente à ce jour. Mais le débat est ouvert.

Couvrir son risque de prix six mois à l’avance grâce au marché à terme du porc charcutier à Hanovre, voilà qui est tentant pour les éleveurs ou les groupements confrontés à des cours volatiles. Mais toutes les expertises ne concluent pas à un intérêt évident pour ces opérateurs.

L’ITP, en particulier, estime que les volumes échangés à Hanovre sont trop faibles pour garantir une couverture de risque fiable. Faute de suffisamment d’intervenants sectoriels et de spéculateurs, ce marché à terme n’est pas assez « liquide », c’est-à-dire assez actif pour que toute opération soit possible à tout moment. C’est gênant pour l’engraisseur qui doit vendre concrètement ses porcs charcutiers, c’est-à-dire sur le marché physique, dès lors que ceux-ci sont à point. En effet, la couverture par des contrats à terme consiste à « compenser » le risque pris sur le marché physique par une prise de risque inverse sur le marché à terme. Sans liquidité suffisante du marché à terme, pas de possibilité de « dénouer » sa position. Si cela arrive, le producteur sera contraint de livrer ses porcs en Allemagne, ce qui n’était pas le but recherché.

Arbitrages aventureux

L’ITP constate aussi que si la prévision du prix est bonne pour les échéances proches, elle « se dégrade fortement à plusieurs mois » Enfin, vient le risque d’appréciation de l’écart entre le prix au comptant local et le prix à terme : la « base ». La corrélation entre le marché à terme et le marché de Hanovre ne semble pas évidente à l’Institut.

En Bretagne, nombreux sont les spécialistes du marché du porc à considérer que le marché physique, dont le cadran de Plérin est le reflet, suffit à lisser le prix du producteur dans la mesure où celui-ci livre régulièrement. Sans intérêt évident de couverture sur le marché à terme, certains éleveurs peuvent se laisser tenter par des arbitrages aventureux.

Quant aux banques, peu sont a priori disposées à servir d’interface aux producteurs. D’abord parce qu’elles y voient plus de risques financiers que de profits pour eux ; ensuite parce que le dépôt de garantie initial à toute transaction et les appels de marge demandent le recours à des crédits supplémentaires.

«Un intérêt réel»

D’autres expertises concluent à un intérêt réel pour les éleveurs de porc. C’est en particulier les cas d’Offre et Demande Agricole (ODA), une société de formation, de conseil et de courtage au profit des agriculteurs qui a été distinguée par un « prix de l’innovation » au Space 2004 pour son « service d’accompagnement pour gérer la fluctuation de la marge porc ».

Son dirigeant admet que la liquidité n’est pas optimale à Hanovre, mais il voit les volumes échangés grossir de mois en mois. Les 17 000 lots sont dépassés pour 2004 (un lot faisant 8 tec), alors que 13 800 se sont échangés sur l’ensemble de 2003. De même, la corrélation entre le marché physique et le marché à terme se stabilise. « Il faut un début», estime-t-on chez ODA où l’on a vu démarrer les marchés européens du colza et du blé, en pleine maturité aujourd’hui.

Du côté des banques, le Crédit agricole a choisi d’accompagner (via sa filiale Carr futures) des clients. Les experts s’accordent au moins sur un point : la pratique du marché à terme demande une solide formation et un suivi pratique.

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