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Sucre
Malgré la crise et la jaunisse, Tereos fait preuve de résilience

Le groupe coopératif sucrier Tereos s’est montré résilient, réduisant sa perte nette et améliorant ses marges grâce à sa stratégie de diversification et à la création d’un stock de sucre de prévision. Le groupe a retrouvé des résultats équivalents d’avant la fin des quotas.

Le groupe coopératif Tereos a fait état le 18 novembre devant la presse d’une réduction de sa perte nette au premier semestre de l’année 2020 (avril à septembre), passant de 21 à 6 millions d’euros dans un contexte de crise liée à la pandémie de Covid-19 et de jaunisse affectant les rendements européens. « Notre Ebitda sur le secteur sucre en Europe est passé de -4 millions d’euros au premier semestre de 2019-2020 à 98 millions d’euros ce premier semestre grâce à l’assainissement du marché en Europe. Cela nous permet de retrouver des résultats similaires à octobre 2017, soit avant la fin des quotas sucriers, et ce, malgré la crise », se félicite Alexis Duval, président du directoire de Tereos. Les marges du géant du sucre ne se sont pas améliorées qu’en Europe. À l’échelle du globe, celles-ci sont passées de 111 millions d’euros sur le premier semestre de 2019-2020 à 237 millions d’euros pour le premier semestre 2020-2021, soit une croissance de 114 %. Tereos a réalisé un chiffre d’affaires sur ce semestre de 2,05 milliards d’euros, contre 2,1 milliards l’an dernier (-3 % à taux de change courants et +1 % à taux de change constants).

Nos résultats sont similaires à l’avant fin des quotas

Tereos fait preuve d’une forte résilience « grâce à la stratégie de diversification des activités du groupe », commente Alexis Duval. En 2012-2013, les activités de Tereos Sucre France pesaient 45 % de l’Ebitda du groupe et les activités de diversification y contribuaient à 55 %. En 2019-2020, le sucre ne représente plus que 17 % de l’Ebitda du groupe et 83 % pour les activités de diversification. « La diversification amène de la résilience au groupe », résume Alexis Duval.

À noter que le groupe coopératif affiche un endettement net en baisse de 253 millions d’euros au 30 septembre 2020, se chiffrant néanmoins à plus de 2,4 milliards d’euros. Tereos a par ailleurs renforcé sa sécurité financière en renouvelant 800 millions d’euros de financement par anticipation sur ce premier semestre. Au 30 septembre 2020, celle-ci affiche 1,015 milliard d’euros pro forma des financements annoncés le 16 octobre.

Abaissement des prévisions de rendement en France

À cause de la jaunisse, Tereos tablait sur une perte de rendement de 12 %, mais a revu ses prévisions pour l'évaluer à -23 %. « Nous estimons l’impact de la jaunisse virale sur nos ventes à 20 millions d’euros sur cet exercice et de 20 millions d’euros sur le prochain », souligne Alexis Duval. À cause du contexte incertain des marchés mondiaux depuis le printemps, le groupe a pris la décision de constituer un stock de prévention de sucre de betterave. « Grâce à cette manœuvre, l’impact de la jaunisse sur nos ventes sera limité par rapport à la diminution de la production », ajoute-t-il.

La marque du groupe Béghin Say a connu un gain de 13 % des parts de marché sur le secteur «business to consumer» (B2C), profitant du retournement d’un marché « historiquement en décroissance », mais dont les cartes ont été redistribuées par le confinement. « Les marques de Tereos ont bien plus augmenté que le marché lui-même. Nous avons pu répondre à la demande grâce à l’augmentation de nos cadences », explique Alexis Duval.

Pour absorber l’augmentation de volume des betteraves transformées, la coopérative sucrière a investi 105 millions d’euros dans ses sites de production. Tereos s’est engagé en octobre 2020 sur un prix minimal de la betterave de 24,50 euros hors prime et indemnité pour la campagne 2020-2021. « Ce prix est en augmentation par rapport à l’année passée, ce qui reflète bien l’amélioration de nos fondamentaux », assure Alexis Duval.

Des résultats opérationnels record au Brésil

Le groupe a enregistré des résultats opérationnels record au Brésil, avec plus de 20,9 millions de tonnes de cannes transformées, soit 10 % de plus que l’an dernier. Les producteurs brésiliens de la coopérative ont connu un rendement moyen record de 12,2 tonnes de sucre par hectare, une augmentation de 12 % par rapport au premier semestre 2019-2020. Tereos n’a pas pu profiter de ces bons résultats sur le plan comptable à cause d’une forte dépréciation du réal brésilien qui a connu une baisse de 36 % par rapport au dollar à cause de la crise liée à la pandémie de Covid-19. « Cela renforce toutefois la compétitivité du Brésil sur le marché international », nuance Alexis Duval.

Grâce à son partenariat avec le spécialiste de la logistique VLI Logistica, le groupe a renforcé ses exportations de 60 % par rapport à l’an dernier, affichant un volume de 1,15 million de tonnes au départ de Brésil. « Notre stratégie logistique a porté ses fruits, et nous permet aussi de réduire de 220 000 tonnes nos émissions de dioxyde de carbone », précise-t-il.

Un marché de l’amidon rendu volatil par la Covid-19

La crise a déréglé la demande en amidon et produits sucrants, rendant le marché très volatil. Tereos accuse une baisse du chiffre d’affaires de 8 % pour ce premier semestre. La baisse globale de la demande a toutefois pu être compensée par la bonne tenue de la part de marché du groupe et de la hausse des exportations d’amidon et produits sucrants vers l’Afrique, le Moyen-Orient et l’Asie.

Enfin, Tereos poursuit le développement de son activité protéines de blé, dont les ventes ont été multipliées par dix en deux ans. « Nous sommes numéro 2 mondial, avec des parts de marché estimées à 21,2 % au 30 septembre dans le secteur », conclut Alexis Duval.

Néonicotinoïdes : les solutions alternatives

Tereos travaille sur le développement de solutions alternatives aux néonicotinoïdes qui seront de nouveau interdits en France dans trois ans. « Nous travaillons au niveau des coopératives l’axe variétal, notamment », assure Alexis Duval, président du directoire de Tereos. Ces travaux suivis par l’Inrae « présentent des solutions raisonnables dans la lutte contre la jaunisse virale avec des variétés résistantes, mais aujourd’hui, celles-ci ne présentent pas un niveau de production viable », ajoute-t-il.

 

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