Aller au contenu principal

Stratégie
Maïsadour travaille au rebond de sa filière de canard gras

L’exercice 2019-2020 de Maïsadour a, pour la seconde année consécutive, pâti des difficultés de la filière foie gras. Hormis cette activité, le groupe coopératif du Sud-Ouest renoue avec la croissance.

Depuis cinq ans, le groupe Maïsadour enchaîne les années difficiles. Après la succession de deux épisodes de grippe aviaire, le mouvement des gilets jaunes, les grèves contre la réforme des retraites, l’entrée en vigueur de la loi Egalim en 2019, c’est désormais la crise sanitaire mondiale qui a eu des conséquences sur les activités du groupe coopératif du Sud-Ouest. Le groupe a réalisé un chiffre d’affaires de 1,358 milliard d’euros, en hausse de 1 %, pour un excédent brut d’exploitation qui s’améliore de 6 millions d’euros. Ses pertes nettes étaient de 25 millions d’euros sur l’exercice précédent et affichent peu ou prou ce même montant cette année. Les activités des pôles semences et agricoles ont pu améliorer significativement les résultats, avec un record de ventes et de parts de marché sur les semences de maïs.

Si on exclut la filière du canard gras, toutes les activités du groupe s’améliorent

« Si on exclut la filière du canard gras, toutes les activités du groupe s’améliorent, indique Philippe Carré, directeur général du groupe, mais on n’est pas les seuls dans cette situation. Tous les opérateurs de cette filière souffrent. »

Un outil industriel optimisé

La constitution du pôle faite autour d’acquisitions pénalise aujourd’hui le groupe qui a lancé un plan de restructuration afin d’« alléger son parc industriel ». Trois sites ont été fermés ou cédés en un an (Saint-Sever, Gourdon et Dax) et 136 postes ont été supprimés. « Nous avons rationalisé notre outil industriel autour de trois abattoirs et deux conserveries. Nous avons désormais un outil industriel adapté à la situation de la filière. En cinq ans, nous n’avons pas connu une année normale. Sur cette période, le niveau de production a baissé de 38 %. Il nous fallait donc nous adapter. Cela a pris plus de temps peut-être que d’autres acteurs en raison de notre histoire. Nous avions le plus grand nombre de sites du fait des acquisitions réalisées », détaille le directeur général.

Nous avons désormais un outil industriel adapté à la situation de la filière

Maïsadour avait prévu une mise en place de 5,7 millions de canards cette année, contre 6 millions l’année précédente. Et le groupe a même réduit la voilure en cours d’année en raison du confinement et des fermetures de restaurants.

Le plan « Rebond 2023 »

Cette adaptation de l’outil industriel est inscrite dans son plan « Rebond 2023 », mis en place au printemps 2020, et qui doit permettre de retrouver le chemin de la croissance. « Il a deux axes : l'un sur la compétitivité, avec la réduction des coûts, on est plutôt en avance, et l'autre tourne sur notre reconquête commerciale qui a été perturbée par l’arrivée de la Covid-19 et le confinement », explique le directeur général. Le groupe travaille notamment à améliorer l’équilibre matière avec ses clients, afin que tous les morceaux du canard soient valorisés : le foie gras, le magret et le confit avec les cuisses. « Cet équilibre est important pour la filière. On veut aussi installer toute l’année le canard dans les rayons. Enfin, il faut que nous améliorions notre niveau de jeu en category management », indique-t-il. Des investissements ont également été lancés. Sur un plan de 8 millions d’euros sur trois ans, 4 millions d’euros ont déjà été lancés sur l’automatisation des fins de lignes principalement.

Hormis ces difficultés sur le foie gras, le groupe cherche toujours des partenaires financiers pour son activité de salaison. « Nos adhérents ne font pas de porc. Or pour faire du jambon sec, il faut compter au moins 9 à 12 mois. Ces stocks pèsent dans les comptes et ne valorisent pas la production de nos adhérents, explique Philippe Carré qui dit étudier tous les scénarios. Les recherches continuent. »

Parallèlement, le saumon fumé se développe « particulièrement bien » cette année. Des investissements de l’ordre de 2 à 3 millions d’euros ont été réalisés. La prise de participation minoritaire dans AMP, Saumon de France, permet à Delpeyrat de proposer une référence de saumon frais pour cette fin d’année.

Le poulet a très bien fonctionné

Contrairement au canard, le pôle volaille du groupe a bien résisté à la crise. « C’est l’une des seules protéines animales qui est en croissance. Le poulet a très bien fonctionné, et notamment pendant le confinement », précise Philippe Carré. Le pôle volaille affiche un chiffre d’affaires de 215 millions d’euros. Il aurait même pu être supérieur, si le groupe avait pu satisfaire la demande, ne pouvant pas vendre ce qui n’a pas été mis en place en élevage.

Le groupe poursuit sa feuille de route avec comme horizon 2026 et poursuit sa transformation en s’appuyant sur l’innovation et le développement durable. Produire des énergies renouvelables via la micro-méthanisation à la ferme, s’engager et communiquer sur la bientraitance animale avec l’étiquette Bien-être animal, développer les circuits courts avec les boutiques En direct de nos producteurs, développer de nouvelles filières comme le soja local… tels sont les défis que veut relever Maïsadour.

Le concept En direct de nos producteurs, bientôt en franchise

Malgré la situation exceptionnelle due à la Covid-19, le concept de boutiques En direct de nos producteurs lancé par la coopérative en 2019 a bien résisté. Les cinq boutiques existantes, anciens magasins d’usine reconvertis, affichent un chiffre d’affaires en hausse de 5 % par rapport à l’exercice précédent. Pendant le confinement, certaines boutiques sont restées ouvertes sur des horaires spécifiques pour nos clients. Pendant la période de confinement, le concept En direct de nos producteurs - Rôtisserie & Épicerie, qui compte à ce jour deux boutiques (à Paris et à Cannes), a été affiné pour pouvoir être déployé en franchise. Des candidats semblent déjà intéressés. Ils étudient des possibilités d’implantation dans plusieurs villes françaises.

Les plus lus

Des silhouettes de vaches qui paturent dans une prairie, style illustré. Au premier plan, une fléche qui illustre une décroissance
Pourquoi le cheptel bovin a-t-il tant reculé dans l’Union européenne en 2024 ?

La baisse du cheptel bovin en 2024 est inédite. Une partie de ce recul est structurelle, alimentée par les départs en retraite…

vaches limousines dans un pré
À 6,17 €/kg, le prix de la vache viande couvre désormais les coûts de revient

Les prix des broutards, puis des jeunes bovins, avaient atteint puis dépassé les coûts de production en début d’année. C’est…

oncle sam reçoit des dollars, vue en contre plongée
Droits de douane des États-Unis : quelles perspectives pour les échanges agricoles

Le président américain a annoncé, comme prévu, le 2 avril, une volée de droits de douane qui n’épargnent aucun pays ni aucun…

Sheep being offloaded from a cargo ship in Oman
D’où viendra le million de moutons importés pour l’Aïd en Algérie ?

L’Algérie a mis en place des importations massives de moutons pour la fête de l’Aïd el Adha, au début du mois de juin. Une…

des poules oranges
Prix des poules pondeuses – Cotation réalisée le 18 avril 2025

La CPP (Cotation poule pondeuse) est publiée dans Les Marchés le lundi reflète les prix de la semaine précédente. La CPR (…

burger sur fond noir
Les vaches allaitantes passent toujours plus au hachoir

La consommation de viande bovine résiste, grâce à la transformation et au haché. Même les vaches allaitantes y passent, ce qui…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Les Marchés
Bénéficiez de la base de cotations en ligne
Consultez vos publications numériques Les Marchés hebdo, le quotidien Les Marchés, Laiteries Mag’ et Viande Mag’
Recevez toutes les informations du Bio avec la newsletter Les Marchés Bio