Maïs : des besoins variés en complémentation
Cette année-ci, les éleveurs de bovins ont récolté leur maïs fourrage avant que les tiges et feuilles ne se lignifient. Ils ont donc tassé facilement leur ensilage, lui assurant ainsi une bonne conservation. En outre, cet ensilage est très digeste pour les bovins. Par conséquent, les éleveurs peuvent réduire les compléments dans leurs rations. « A la différence de 2003, les récolteurs ne se sont pas laissées surprendre ; ils savaient qu’ils n’obtiendraient pas davantage de grain», rapporte Gildas Cabon, éleveur et expert de l’Institut du végétal Arvalis.
Beaucoup de plantations ont manqué d’eau cette année, en particulier sur la façade atlantique et dans le sud de la France. La diversité des situations a induit une grande variabilité des maïs analysés par Arvalis, qui en déduit des besoins variés en complémentations.
A cause des manques d’eau, une proportion d’éleveurs plus importante que l’an dernier déplorent de faibles valeurs énergétiques dans leur maïs fourrage (le laboratoire Arvalis de Montardon a relevé 18 % d’échantillons à moins de 0,85 UFL (unité laitière) en 2005, contre 10 % en 2004).
Trop d’amidon = danger
Arvalis met les éleveurs en garde contre les compléments fourragers riches en amidon. En effet, ceux qui cultivent des céréales à paille préfèrent utiliser leur moisson plutôt que de la vendre quand les prix sont bas. La réforme du marché céréalier européen est allée dans ce sens.
Trop d’amidon dans la ration (plus de 28 % chez la vache laitière selon Arvalis) entraîne un risque d’acidose, un trouble digestif dont les conséquences peuvent être graves. Cela peut arriver quand l’éleveur, constatant que ses vaches mangent peu parce que le fourrage est trop coriace, est tenté de compenser par du grain aplati ou un concentré du commerce.
Pour éviter cet écueil, Arvalis a un conseil à donner aux éleveurs laitiers chez qui l’ensilage de maïs tient une place importante : considérer a priori un taux de 25 % d’amidon (une valeur faible) dans le maïs en août, avant la récolte, et anticiper un volume de céréales ou concentré en conséquence (acheter à l’avance peut être avantageux). L’éleveur pourra ensuite diminuer les doses de concentré si la production laitière ne répond pas à ses attentes. Pas la peine d’en gaspiller. Certains éleveurs, limités par leur quota laitier, restreignent volontairement leur achat de concentré, quitte à garder plus de vaches si la production est freinée à cause du fourrage.
En 2006, la réforme de la PAC et sa remise en cause des systèmes fourragers n’entamera pas l’attrait du maïs-fourrage, estime-t-on chez Arvalis. L’ensilage garantit un niveau de production tout au long de l’année, plaident les éleveurs intéressés.