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L’UE va imposer un embargo à la viande bovine du Brésil

Une restriction des importations brésiliennes met à l'épreuve le plus gros fournisseur mondial de viande bovine. Mais elle ne remet pas en cause le tampon brésilien qui comble le déficit européen.

Markos Kyprianou, le Commissaire européen en charge de la Santé, doit proposer aujourd’hui aux autorités vétérinaires des Vingt-sept d’imposer un embargo partiel aux exportateurs brésiliens de viande bovine. Seuls les circuits d’importation transparents quant à l’origine des bêtes et indemnes de fièvre aphteuse seront maintenus. Cette décision fait suite aux inspections menées cette année par l’Office alimentaire et vétérinaire de l’UE, en particulier celles de novembre qui ont confirmé d’importants manquements à la traçabilité du cheptel brésilien et à l’éradication de la fièvre aphteuse ; une défaillance qui fait courir des risques aux pays importateurs. Parce qu’il s’impose à l’échelon national et à un nombre important d’exportateurs, cet embargo met à l’épreuve la filière brésilienne. Le Copa-Cogeca a rappelé dans un communiqué diffusé hier que « le Brésil s’est déjà vu accorder de longues périodes pour combler les manquements constatés de manière répétée par des missions de l’OAV. Il n’a pas fait bon usage du temps qui lui était imparti ». La démarche de Markos Kyprianou satisfait en partie la demande des organisations d’éleveurs et eurodéputés irlandais et britanniques qui demandaient un embargo total. Elle répond cependant à leurs doutes quant à la capacité des autorités brésiliennes à respecter un embargo régionalisé, faute de garanties sur les déplacements de bovins.

Une offensive ralentie ?

La fermeté de la Commission est diversement interprétée en France. Pierre Chevalier, président de la FNB et du groupe Viande du Copa, y voit un début de volonté européenne d’imposer aux partenaires commerciaux les normes d’hygiène et de bien-être animal (en matière de transport notamment) qui ont cours dans l’UE. Cela encourage le Copa à militer pour une politique offensive de relance de l’élevage visant à assurer une certaine indépendance de la ressource. Les éleveurs se sentent un peu rassurés. Ils perçoivent l’investissement du groupe brésilien JBS aux côtés de l’Italien Cremonini (LM du 14 décembre) comme une « stratégie offensive du Brésil » et refusent d’accepter les pronostiques des experts selon qui un quart de la viande consommée en Europe pourrait provenir à terme d’Amérique du Sud. Pour le monde du commerce, cette fermeté va aider la Commission à mieux négocier la levée des obstacles tarifaires.

Un courtier rappelle que l’UE doit ménager le Brésil à l’OMC. L’industrie de la viande constate que le déficit européen est un appel d’air irrésistible aux importations. Chez Deltagro, 1 er exportateur de bovins maigres vers l’Italie, l’arrivée de JBS en Europe fait craindre que l’importation, aujourd’hui limitée aux quartiers nobles, ne se poursuive demain par celle de quartiers avant, à la faveur d’un nouveau démantèlement des droits de douane.

Pour autant, Jean-Claude Guesdon, chef du département économique de l’Institut de l’élevage, pense que l’expansion agricole au Brésil va un jour atteindre ses limites. Il fait voit que plusieurs productions sont en concurrence sur un marché mondial toujours plus demandeur. Or, les terres disponibles ne sont pas illimitées. Il considère aussi que le Brésil ne peut léser sa consommation domestique de viande. Luigi Cremonini avait lui-même appelé de ses vœux au congrès mondial de la viande en 2005 à Rome un accord « équilibré » entre pays producteurs et importateurs de viande. En attendant, l’embargo peut donner un bol d’air aux filières européennes.

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