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L'industrie dialogue avec les allergologues


> Cécile Bonhomme, coordinatrice R&D chez Lactalis Nutrition Europe.
La restitution du projet Manoé, le 6 octobre à Nantes, a permis de faire dialoguer industriels et allergologues autour des traces d'allergènes. Compte rendu d'une démarche constructive.

Le 6 octobre dernier, le conseil régional des Pays de la Loire accueillait à Nantes plus d'une centaine de personnes pour la restitution de deux programmes de recherche financés par la région autour du cluster Nova-Child : Real, sur les allergies respiratoires, et Manoé, consacré aux faibles quantités d'allergènes dans les aliments industriels. Amorcé en 2009 sous l'impulsion de Martine Drouet, allergologue à Angers, ce projet Manoé a mobilisé des partenaires variés : recherche (Inra), médecine (onze centres d'allergologie), patients allergiques (Afpral) et industriels de l'agroalimentaire. La question de base portait sur les « traces » d'allergènes dans les produits alimentaires, leurs dosages et les réactions des enfants allergiques. Pour Dominique Tremblaye, vice-président de la région, « la région prend du poids sur les allergies. Nous souhaitons garder notre leadership en matière d'alimentation, et nous sommes convaincus que les allergies alimentaires sont une des briques de la stratégie régionale qui est d'assurer l'accès alimentaire à tous. Il ne s'agit pas de faire du low cost alimentaire, mais de construire une réelle diversité alimentaire pour les consommateurs ». Pour lui, en matière de recherche, l'équilibre se construit bien avec la Bretagne toute proche, Valorial, NovaChild et le pôle végétal d'Angers.

Le projet Manoé s'est concentré sur quatre allergènes (arachides blé, lait et œufs), dans des produits industriels « normaux », complexes à contamination homogène avant cuisson par des industries régionales, tels Charal (boulettes de viande), Pasquier (muffins et croissants), Lactalis (biscuits et céréales infantiles), Cyranie (fonds de sauce).

Dosage des allergènes

Pour Olivier Tranquet, chercheur à l'Inra, sous réserve d'adaptation, les méthodes disponibles pour le dosage des allergènes sont efficaces pour la détection à 10 milligrammes par kilogramme. « Mais la quantification n'est pas acquise d'emblée, hormis pour le gluten pour lequel il existe un seuil réglementaire. Or, la quantification se pose de façon aiguë quand on parle de seuil. Et, la perte de détection ne signifie pas la perte d'allergénicité, souligne-t-il. Aucune méthode de dosage ne permet de s'affranchir d'un bon HACCP, notamment pour les contaminations non homogènes. » Reste ensuite selon lui de nombreuses questions : Une fois qu'une très faible dose a été détectée, quel est le danger ? Quel est le risque ?

DE LA DOSE AU SEUIL

L'un des objectifs de Manoé était de valider les méthodes de dosage des allergènes dans des produits alimentaires « réels ». De l'avis unanime, ce programme a permis d'échanger entre les allergiques, les allergologues, les industriels et les chercheurs. Toutefois, tout n'est pas résolu. Ainsi, les industriels continuent à parler de dosage et de ppm (part par million) alors que les consommateurs et leurs médecins parlent en milligramme. Pour Cécile Bonhomme, coordinatrice R&D chez Lactalis, « il nous fallait des méthodes pour mesurer, en fonction des matrices alimentaires, l'activité résiduelle du potentiel allergénique des présences fortuites que l'HACCP ne permet pas de maîtriser ». Mais, si Manoé a permis d'avancer, la réglementation ne fixe encore aucun seuil.

D'ou l'intérêt du travail coordonné par Martine Drouet du CHU d'Angers. La question qui se pose aux médecins est de conseiller leurs patients allergiques avec ou non un régime très strict.

La quantification se pose de façon aiguë quand on parle de seuil

Sur les cent trois enfants allergiques à l'arachide sélectionnés dans les onze centres participants, soixante et onze se sont ” montrés tolérants à de faibles doses d'arachide. Ce qui soulage d'autant leur régime alimentaire, sans pour autant leur permettre de croquer dans une cacahouète qui représente de 100 à 125 milligrammes de protéines d'arachide. Pour elle, la dose déclenchant une réaction pour 10 % de la population allergique à l'arachide est de 2,5 milligrammes. Elle descend à 1,2 milligramme pour les 5 % des plus réactifs.

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