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L’Europe dit oui aux farines d’insectes pour l’aquaculture

D'après la Cour des comptes européenne, l'aquaculture bénéficie de beaucoup d'aides sans résultats concrets.
© Cipa

L’aquaculture européenne peut, depuis le 1er juillet dernier, incorporer des farines d’insectes dans les aliments qu’elle distribue à ses poissons. Issue d’un long processus d’interdiction puis d’encadrement des conditions de production, de transport et d’utilisation des protéines animales transformées engagés lors de la crise de l’ESB, cette autorisation reconnaît les travaux démarrés par la quinzaine d’entreprises européennes qui se sont déjà lancées dans la production de tels insectes. Elle reconnaît également, d’une part, l’intérêt de disposer de nouvelles sources de protéines en nutrition animale et, d’autre part, la plus grande acceptabilité sociétale de telles sources dans l’aquaculture plutôt que dans les élevages terrestres.

« L’impact environnemental de l’aquaculture est très lié à l’alimentation des animaux », rappelle Marine Levadoux, directrice du Comité interprofessionnel des produits d’aquaculture (Cipa). « Collectivement, notre filière voit plutôt cette autorisation de façon positive, dans la lignée des travaux visant à faire évoluer les formules des aliments vers moins, voire plus du tout, de protéines et d’huiles de poisson. L’autorisation du 1er juillet a donné le top départ, attendu par tous les acteurs, pour tester ces matières premières dans des essais grandeur nature au même titre que les algues ou d’autres sources », précise-t-elle. Le Cipa est d’ailleurs partie prenante dans un projet sur les nouveaux ingrédients en aquaculture qui associe la recherche, les professionnels et les fournisseurs de farine d’insectes, d’algues et de levures.

Aucune objection de fond

Même si la nomenclature place les farines d’insectes dans les protéines animales transformées (PAT), leur nature radicalement différente et la consommation d’insectes, de tout temps, par les poissons les rend a priori plus acceptables. Aucune objection de fond n’émerge d’ailleurs lors des réunions de la nouvelle instance européenne (advisory group for aquaculture) où siègent ONG et consommateurs aux côtés des professionnels. Les fabricants d’aliments, réunis au sein de la Fefac, s’affirment toutefois vigilants sur les conditions de la production de cette matière première, rappelant que les insectes doivent avoir eux-mêmes été nourris sans protéines de ruminants ni matières fécales.

Les entreprises de la filière aquacole, tant individuellement que collectivement, veulent désormais s’assurer, grâce aux tests rendus possibles par l’autorisation, de l’intérêt technique et économique de ces matières premières, de leur durabilité (via l’analyse du cycle de vie) et de leur acceptabilité sociétale.

Des matières premières autorisées, non utilisées

Les matières grasses animales ont été interdites dans l’alimentation animale en octobre 2000 puis réautorisées progressivement selon leur origine et leur destination. Pourtant, 17 ans après, elles sont toujours bannies par les cahiers des charges, établis dans les années 2000-2001 pour ou par la grande distribution. L’enquête conduite tous les trois ans par le ministère de l’Agriculture (enquête MPAA) confirme ce blocage : les positions n’ont pas évolué entre 2012 et 2015, les graisses animales hors huile de poisson représentent 0,02 % des approvisionnements. La résistance se concentre en France, en Angleterre et Allemagne, dernier pays à avoir levé l’interdiction en juin dernier. Les pays du Nord et de l’Est comme l’Espagne en utilisent dans les aliments pour les non-ruminants quand la conjoncture économique les rend intéressantes.

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