Les viandes et l’ouragan influenza
Le marché du poulet avait entamé en 2005 une légère reprise que la crise médiatique de la grippe aviaire est venue neutraliser. Les industriels ont constitué des stocks de viande surgelée qu’ils doivent en partie exporter avec l’aide de Bruxelles. Dans le dernier bulletin du groupe Arrivé (décembre), les ventes de poulet et produits issus de poulet « restent significativement en retrait», contrairement aux élaborés qui ont retrouvé leur niveau de croissance antérieur. Hors Noël, le niveau des ventes d’Arrivé, c’est-à-dire essentiellement de Maître Coq et St Sever, se situent à 15 % en dessous des prévisions (croissantes) d’avant crise et à - 10 % pour les fêtes. En conséquence, le groupe réduit ses demandes de mises en place d’au moins 10 % en ce début 2006.
Les ventes des fêtes de fin d’année ont été sauvées avec l’aide des actions de communication de l’APVF (association de promotion de la volaille française), qui a su lever une aide d’Etat et utiliser la voix du chroniqueur Jean-Pierre Coffe, ainsi que d’autres groupements de qualité (volailles fermières du Gers dans la presse nationale, de Janzé à la radio). Les ventes de volailles festives à Rungis se sont relativement bien comportées, profitant surtout aux détaillants spécialisés. La dinde traverse plus sereinement la crise grâce à des mises en places considérablement réduites depuis un an.
L’année 2005 a vu les importations de viande de volaille s’accélérer sous la pression des découpes du Brésil et aussi des produits cuits de Thaïlande. L’échec de l’UE face à ces deux pays dans le panel des viandes saumurées pourrait porter préjudice au marché européen dès le second semestre 2006.
Le porc en profite
En porc, la nouvelle année débute avec des stocks de viande congelée au plus bas. « Les entreprises misent beaucoup sur l’accentuation des débouchés extérieurs. Quant à la consommation intérieure, elle sera sans doute stimulée par la stratégie de vente du hard discount », explique le Marché du porc breton (MPB). Dans une synthèse de 2005, le MPB souligne que l’influenza aviaire en Asie, en Roumanie ou en Russie a amplifié la demande en viande de porc. Les cours ont bénéficié d’importantes commandes tout au long de l’année en Europe et sur le grand export. La demande mondiale est dynamique. « Dans le grand Est, la consommation de viande de porc ne peut qu’augmenter et il n’est pas sûr que la production locale y réponde tout de suite », juge le MPB.
En bœuf, le découplage des aides au 1er janvier 2006 a provoqué un afflux d’animaux en fin d’année. Les cours ont baissé, mais restent à des niveaux élevés. Ce mois-ci, les industriels s’attendent à une hausse brutale. « La baisse des abattages en France et la rareté de l’offre sur le marché européen font dire aux observateurs que dès le début janvier on assistera à une flambée des prix», selon le Sniv. Mais, cette évolution pourrait être contrariée par les l’OMC. Après l’accord de Hong Kong sur les aides à l’export, l’accès au marché reviendra sur la table.