Les sciences de la viande sont sur la bascule
Les recherches visant à prédire la qualité de la viande, à mesurer l'impact environnemental du pastoralisme ou à définir le bien-être animal passionnent les foules. 900 personnes ont fréquenté, les 5 et 6 décembre à Paris, les « Rencontres autour des recherches sur les ruminants » que les initiés appellent « 3R ». Depuis quatorze ans que se tient ce rendez-vous annuel entre le monde de la recherche et les filières bovines, ovines et caprines, l'affluence n'a pas dépassé 800 personnes, témoigne un membre du comité d'organisation. L'INRA (Institut national de la recherche agronomique) et l'Institut de l'élevage organisent ces rencontres francophones pour rentabiliser les travaux. Or, ceux qui ont démarré ces dernières années sur l'interaction élevage/environnement, le bien-être des animaux et l'amélioration des qualités bouchères, trois thèmes clés des rencontres de cette année, arrivent à maturité, explique cet organisateur qui travaille à l'INRA de Theix (Puy-de-Dôme).
« Satellite » surchargé
La rencontre « satellite » sur le thème « génomique et qualité des viandes » a largement comblé la centaine de places réservées. La génomique est l'étude des gènes et de leur expression. Le programme Qualvigène était l'un des pôles d'attraction de chercheurs et de centres de sélection. C'est un socle bâti entre recherche publique et privée, soutenu à 55 % les 5 unités françaises de sélection animale. Il porte des recherches visant à mieux maîtriser différents aspects qualitatifs, dont la tendreté. Son principe : détecter et de « valider » les gènes impliqués dans les variations de la qualité de la viande bovine des trois principales races à viande françaises : Charolaise, Limousine et Blonde d'Aquitaine. Cette information génétique peut s'utiliser à des fins de sélection bovine et d'orientation des carcasses vers les marchés adaptés.
Aujourd'hui, on a surtout constaté que certains marqueurs génétiques du « persillé » commercialisés sur d'autres continents ne donnent pas de résultats convaincants dans les races et les systèmes français. Cependant d'autres pistes sont sur le point d'être valorisées. Ainsi, une start-up de biotechnologie s'intéresserait à la possibilité de tester une aptitude à certaines qualités à partir de biopsies musculaires. Un autre projet prometteur a l'objectif de développer un test immunologique, plus facile d'utilisation par les acteurs de la filière. Affaires à suivre.