Les riziculteurs de Camargue fourbissent leurs armes
La fermeture de l’usine Lustucru-Panzani d’Arles n’est qu’une égratignure dans le paysage rizicole camarguais, en comparaison de la mise en service, dès la nouvelle moisson, d’une usine nouvelle d’étuvage d’importante capacité. Cet outil, situé à Arles, est partagé par la coopérative Sud Céréales, qui revendique 55 à 60 % de la collecte de riz, et le grossiste nordiste Soufflet Alimentaire. Panzani abandonne une usine de transformation et de conditionnement endommagée par une inondation en décembre dernier. Selon le Syndicat des riziculteurs, elle usinait entre 10 et 20 % de la récolte camarguaise. Si le groupe lyonnais a décidé de remplir ailleurs ses paquets « Taureau Ailé », ce sera toujours avec du riz sous IGP Camargue.
Les riziculteurs perdent un client de proximité pour le riz échappant à cette appellation. Ils seront en revanche les premiers à profiter du nouvel outil Sud Céréales/Soufflet Alimentaire. En effet, il double la capacité d’étuvage de l’ancienne usine. Ce procédé, qui donne le « riz incollable » répondant à la moitié de la demande française, s’appliquera à 50 000 tonnes annuelles de riz paddy (riz brut). Sur le même site seront blanchies 30 000 tonnes de riz paddy, en remplacement d’une ancienne usine du Gard. Ces 80 000 tonnes de capacité de transformation sont à comparer aux 100 000 à 110 000 tonnes de riz paddy récoltés en Camargue.
Soufflet Alimentaire, qui a 34 % de participation dans cet outil aux coûts de production réduits, garantit un contrat commercial de 10 ans au groupe coopératif.
Le nouveau règlement communautaire s’appliquant au riz est la partie opaque du tableau. Dès cette année, les riziculteurs reçoivent des aides directes en compensation d’un abaissement de moitié du plancher de l’intervention. La surface semée serait proche des 19 422 hectares de l’an dernier (confirmation en fin de semaine). Mais les années suivantes ? Dans l’immédiat, le versement de l’aide en décembre va soulager les trésoreries passées au rouge avec l’effondrement des prix de l’an dernier. Le renouveau variétal est une raison d’espérer. Pour la première fois, se félicite Bruno Blohorn, président du Syndicat des riziculteurs de France et filière, la culture présente une forte proportion (60 % dit-il) de variétés à grains très longs (supérieurs à 6 mm), prisées des consommateurs. « Cette évolution importante » est l’aboutissement de plus de 15 ans de recherches. Les riziculteurs croisent les doigts. Grâce à ces variétés adaptées au marché et au terroir de Camargue, et grâce à un coût de transformation compétitif, les importations (2/3 de la consommation française) devraient reculer et le riz IGP conserver sa part de marché. Et pour l’heure, selon Bruno Blohorn. la récolte, attendue pour fin-septembre-début octobre, « se présente normalement».