Aller au contenu principal

Les PME agroalimentaires veulent gommer la frontière franco-belge

Le projet transfrontalier « filière AD-T » a été lancé le 31 janvier dernier. Destiné à unir des compétences, il doit accompagner le développement des PME agroalimentaires belges et françaises.

Au nord, les travailleurs frontaliers franchissent plus aisément la frontière franco-belge que ne peuvent le faire les produits agroalimentaires des deux pays. Si plus de 160 000 Eurométropolitains traversent quotidiennement la frontière (dont 60 % d’entre eux de France en Belgique), force est de constater que nombre d’entraves persistent pour le développement des TPE-PME agroalimentaires des deux pays. C’est à partir d’un tel constat qu’est né le projet pour le développement d’une filière agroalimentaire durable transfrontalière (AD-T). Objectif ? Soutenir et accompagner ces entreprises dans leurs démarches de développement transfrontalier.

« Afin d’obtenir des résultats durables, tous les maillons de la chaîne sont concernés, et ceci d’autant plus que le secteur agroalimentaire a été identifié comme stratégique pour l’ensemble de la zone de coopération », expliquent les promoteurs du projet. Destiné aux TPE et PME implantées de part et d’autre de la frontière, il a été mis sur pied dans le cadre du programme européen Interreg V. Il associe dix-neuf opérateurs de Wallonie, de la Flandre occidentale et des Régions Hauts-de-France et Grand Est, soit un territoire de 62 000 km2 sur lequel vivent 10,8 millions d’habitants.

Quatre objectifs opérationnels

« Il s’agit de stimuler la croissance des entreprises, leur compétitivité transfrontalière et surtout la création d’emplois », expliquait Nathalie Quévy, chef de file du projet, lors du lancement officiel. « L’idée est d’effacer progressivement l’effet frontière, en favorisant un courant d’affaires transfrontalier et en instaurant un climat de confiance entre les acteurs économiques. Le projet doit surtout leur permettre d’avoir une vision à 360 °C pour le développement de leurs activités », selon Nathalie Quévy, également inspectrice générale de Hainaut Développement à Mons (Belgique).

Prévu sur une période de quatre ans, le projet « filière AD-T » dispose d’une enveloppe de 3,50 millions d’euros (sur la totalité d’un programme Interreg V de 170 M€) permettant d’engager de multiples actions regroupées en quatre objectifs opérationnels. Dans un premier temps, est prévue la mise en réseau des acteurs de la filière, notamment à travers de nombreuses rencontres (speed dating, rendez-vous BtoB, convention d’affaires…) permettant de susciter de nouvelles relations d’affaires en partageant « les bonnes pratiques durables ». « Nous cherchons à susciter de nouvelles relations d’affaires durables entre Belges et Français, en les aidant à trouver de nouveaux débouchés de l’autre côté de la frontière », a expliqué Fabrice Hoschedé, délégué général du pôle Agroé, le pôle d’excellence agroalimentaire régional. Il faudra ensuite encourager la mobilisation des consommateurs vers une alimentation plus durable et de promouvoir les savoir-faire agroalimentaires transfrontaliers (participation à des foires et salons).

Enfin, le projet prévoit l’accompagnement des TPE-PME sur des points aussi divers que primordiaux que sont la fiscalité, les douanes ou la logistique.

Produit local, mais étranger !

Le père de Françoise Meulemeester a longtemps fabriqué de l’escavèche à Anor, une commune française située près de la frontière. À son décès, sa fille Françoise s’est installée à Macquenoise (Belgique) dans des locaux plus vastes pour accroître sa production de « L’escavèche du Val d’Oise ». « Aujourd’hui, je fabrique 20 tonnes d’escavèches par an à partir de poissons MSC, mais je suis passée dans la GMS de la case “produits locaux” quand nous étions installés en France, à celle de produits étrangers depuis que nous avons repris cet atelier en Belgique », témoigne-t-elle. En changeant de numéro TVA, une enseigne GMS lui a ainsi fermé la porte. Pourtant, l’escavèche n’est produite que par trois producteurs locaux sur huit communes, et vient tout juste d’obtenir son IGP !

Les plus lus

transport terrestre animaux
Transport des porcs : une nouvelle loi qui pourrait coûter 107 millions d’euros à la filière

Une possible évolution de la législation du transport ne garantira pas forcément le bien-être des porcs. C’est ce que relève l…

Charcuterie
« Si on veut du porc français, il faut créer des élevages en France »

Les charcutiers sont frappés de plein fouet par la baisse de production porcine en France. Elle entraîne une hausse des…

« La France importe déjà du Mercosur pour 1,92 milliard d’euros de produits agricoles et agroalimentaires »

Ingénieur de recherche en économie de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (…

Nouveau record des prix du beurre : « Ça ne reflète pas le marché »

La cotation Atla du beurre cube a franchi un nouveau sommet historique sur la semaine 48, alors que la tendance de marché est…

conteneurs au port du havre
Mercosur : Produits laitiers, vins et spiritueux, ces filières ont-elles un intérêt à l’accord ?

Alors que la colère agricole retentit de nouveau, rallumée par l’approche de la conclusion d’un traité avec le Mercosur, la…

représenant de l'UE et du mercosur
L’UE et le Mercosur signent l’accord, à quoi s’attendre pour l’agriculture ?

Après 25 ans de pourparlers, l’Union européenne et le Mercosur ont conclu un accord commercial, mais des voix s’élèvent déjà…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Les Marchés
Bénéficiez de la base de cotations en ligne
Consultez vos publications numériques Les Marchés hebdo, le quotidien Les Marchés, Laiteries Mag’ et Viande Mag’
Recevez toutes les informations du Bio avec la newsletter Les Marchés Bio