Les industriels s’inquiètent de voir leur rentabilité se dégrader
«Nous avons vécu une année 2008 assez horribilis », affirme Robert Volut, président de la Fict (Fédération française des industriels charcutiers, traiteurs, transformateurs de viandes). La production et la consommation de charcuterie se sont pourtant bien tenues, mais la hausse des coûts des matières premières, de l’énergie et du transport ont mis à mal la rentabilité des entreprises. « La majorité des résultats des entreprises se dégrade. Le prix matière a très fortement augmenté, en moyenne de 8,2 % sur un an », explique Robert Volut, en raison principalement de la forte poussée du prix des céréales, représentant 50 % du coût de production du cochon. Si la Fict n’a pas encore tous les résultats des entreprises adhérentes, Robert Volut dit s’attendre à une nouvelle dégradation du résultat net après impôt. « Je ne serais pas surpris que l’on atteigne 0,5 % à 0,6 % du chiffre d’affaires », a-t-il indiqué. En 2007, le résultat net après impôt des entreprises avait déjà reculé à 0,9 % du CA (résultat net/CA), contre 1,2 % en moyenne les années précédentes. « Le taux de rendement des capitaux propres, qui mesure la capacité d’une entreprise à générer des profits à partir de ses capitaux propres nets, est de 7,1 % », précise la Fédération. « La concomitance de l’application de la loi de modernisation de l’économie (LME) et de la survenue de la crise économique semblent avoir favorisé la baisse des prix au détriment de la qualité, du savoir-faire et du maintien de l’emploi dans le secteur », poursuit-elle.
PVC en hausse de 1,7 %
Et Robert Volut ne semble pas très optimiste pour le moyen terme. « La fin 2009 et le début de l’année 2010 seront difficiles car la hausse du chômage va avoir un impact sur la consommation des ménages. Nous avons encore quelques semestres difficiles devant nous », insiste-t-il. La hausse du coût matière sur le prix de vente n’a pas été totalement répercutée. Les prix de vente de la charcuterie-traiteur auront augmenté en moyenne de 1,7 % sur 2008 et de 1,4 % sur le début d’année 2009. « Les écarts s’accentuent entre les plus forts et les plus faibles. La crise va être cruciale pour les entreprises, mais le bilan ne se fera pas avant l’année prochaine ou même après », souligne Robert Volut. La restructuration du secteur s’est d’ailleurs poursuivie. Quatorze opérations ont été réalisées, notamment Schmidt-Stoeffler, Les Brasérades-Umark, Loste Grand Saloir-Tradi Charcuterie (ex-filiale d’Aoste), Chevallier- Delpeyrat, Campofrio-Smithfield, Alliance-Bahier, etc. « A l’intérieur de chaque segment, nous avons assisté à des regroupements », note le président de la Fédération. Le secteur comptait 343 entreprises l’année dernière, soit une diminution de 9 % en dix ans.
Vers un label STG
En 2008, la production du secteur des industries charcutières a enregistré une légère augmentation en volume de 0,3 % à 1,37 million de tonnes et le chiffre d’affaires de la profession a progressé de manière plus conséquente, de 3,5 % à 7,3 milliards d’euros. Si la production de produits traiteurs a augmenté de 2,2 % à 303 000 tonnes, celle de la charcuterie-salaisons a légèrement diminué de 0,1 % (1,053 million de tonnes) et celle de la conserve de viandes est en recul de 9,9 % à 13 000 tonnes. Si la consommation à domicile a diminué en 2008 de 0,4 %, avec notamment une baisse « relativement importante au quatrième trimestre », selon Robert Volut, l’activité du secteur semble reprendre sur les premiers mois de l’année (au 17 mai 2009) avec une progression en volume de 1,6 % tous secteurs confondus. Certains segments restent néanmoins à la peine. Il s’agit notamment des andouilles et andouillettes (-4,8 % en volume en 2008), les saucisses à gros hachage (-4,6 %), la charcuterie à base de volaille (-4,3 %), les boudins (-3,7 %) et les pâtés (-2,9 %). Les consommateurs restent fidèles aux charcuteries.
Pour améliorer l’image nutritionnelle de la charcuterie, la Fict travaille actuellement avec l’Ifip (Institut du porc) afin de trouver des pistes d’amélioration de l’alimentation animale, autre que l’introduction de graines de lin. En outre, la Fédération cherche à protéger le savoir-faire de la profession auprès de l’Inao avec l’obtention d’une STG (spécialité traditionnelle garantie). « C’est une piste pour la charcuterie française, car une STG reconnaît un savoir-faire, une recette et n’est pas liée à une zone géographique comme une IGP », indique Robert Volut.