Les IGP ne sont que des bouées pour le melon
Qu'il soit du Haut Poitou ou du Quercy, le melon sous indication géographique protégée (IGP) a surnagé difficilement en juillet dans l'afflux d'offre simultané des trois bassins de production nationaux. Certes, toute la production agrée Quercy jusqu'à fin juillet s'est vendue facilement, les clients faisant confiance, mais à des prix de cœur de marché, explique le directeur de la communication de la station fruitière Boyer SA (Tarn-et-Garonne), Denis-Jean Martin. Cela fait maintenant deux étés que le melon du Quercy porte le sigle IGP sans que le consommateur comprenne vraiment les avantages et garanties qu'il représente. Chez Boyer, on attend toujours qu'une campagne de communication fasse connaître au public ce signe de qualité européen. « Nous jouons le rôle de locomotive », philosophe Denis-Jean Martin, « mais il arrive que les locomotives se fatiguent, usent du carburant...». Alors que les prix reviennent à des niveaux rémunérateurs en ce milieu de campagne (l'an dernier, 12 000 tonnes avaient été agréées), les producteurs restent sous le choc d’intempéries en fin juillet. Ils ne savent s'ils s'en tireront mieux que l'an dernier où ils avaient perdu 3100 euros par hectare quand la moyenne des pertes était de 4200 euros/ha dans le Sud-Ouest.
Les Maîtres melonniers de Cavaillon, qui viennent de déposer une demande d'IGP, en attendent moins une valorisation économique qu'une protection de l'appellation Cavaillon, abondamment usurpée en Europe. Une stratégie commerciale exigeante fait que la marque Cavaillon se valorise mieux que dans le cœur de marché. Forcément, les quantités vendues sont comprimées, mais elles progressent doucement vers l'objectif de 1 500 tonnes pour 2005, contre 600 t en 2004. Bernard Chiron, adhérent connu pour sa marque «L'accent », confirme le soutien relatif des prix aux dépens des quantités qui progressent néanmoins grâce au bouche-à-oreille.
Quant au projet d'IGP du melon de Lectoure, dans le Gers, il tient toujours, affirme-t-on à la coopérative Alinea (Tarn-et-Garonne). Ce bassin qui aurait produit 2 500 tonnes de melon l'an dernier se considère comme le meilleur de France.