Les IAA interpellées pour faciliter les contrats
> Hervé Novellon.
Les relations contractuelles entre Bonduelle et les entrepreneurs des territoires (EDT) sont certes « exemplaires », elles n'en restent pas moins quelque peu exceptionnelles dans un monde agro-industriel qui lie les destinées des agriculteurs, des entrepreneurs des territoires et des industriels de l'agroalimentaire. « Les contrats passés entre les entrepreneurs des territoires et les industriels ne sont pas une nouveauté », expliquait à Dunkerque, Gérard Napias, le président national des EDT qui avait choisi « Les contrats gagnant-gagnant » comme thème de son dernier congrès. Selon lui, ils permettent de définir les conditions d'intervention, de règlement et les possibilités de résiliation.
« Cette contractualisation a du mal à devenir réalité dans certaines filières, où on est loin d'une gestion concertée sur les volumes et sur les prix », estime-t-il. « Pourtant la contractualisation ouvre les discussions a minima sur les volumes, les prix et la durée d'engagement sur les prestations de service ». Bonduelle confie aux EDT ses opérations de récolte.
Hervé Novellon, directeur betteravier chez Tereos, explique que les 195000 ha de betteraves sont ar-rachés en France à 95 % par les EDT sous l'autorité de l'industriel. Il n'y a pas de politique contractuelle développée avec les planteurs en matière d'arra-chage. « Le planteur veut rester maître de sa récolte : maître du prix et de l'ensemble de ses paramètres ». En revanche, le groupe sucrier possède un contrat de prestation avec les EDT pour le chargement, le nettoyage et le transport des betteraves. Le betteravier est impliqué dans sa récolte, contrairement au secteur légumes où la structure des contrats a été souvent modifiée. Les machines (d'un coût de 500000 € env.) récoltent 2 à 300 ha/an. Elles sont financées par les OP et mises à disposition des EDT.
Une exception liée à la particularité de cette production où la maturité d'un légume n'est optimale que durant 2 à 3 jours. « La récolte est un métier à part entière », souligne Arnaud Bardon, directeur Agro France chez Bonduelle en précisant que « l'industriel a préféré se concentrer sur son métier de conserveur en s'appuyant sur l'expertise des EDT pour la récolte ». « Ce sont en général des contrats qui portent sur six à sept ans en rapport avec la durée d'amortissement du matériel », rajoute-t-il. C'est ainsi que l'organisation de producteurs Bonduelle (Opli'Nord) contractualise avec les EDT depuis 1990. « Le matériel de récolte est financé par Opli'Nord et mis à disposition des EDT », précise Arnaud Bardon.
Logistique et nettoyage pour TereosDans la betterave, les choses sont sensiblement différentes, même si Hervé Novellon, directeur betteravier chez Tereos, précise que la contractualisation est loin d'être étrangère au groupe sucrier.
Si Tereos ne développe pas de contrats entre betteraviers et EDT, il s'implique en revanche avec les EDT dans la logistique et le nettoyage des betteraves. « Les EDT ont également de nouvelles missions », explique-t-il. Elles sont chargées de protéger les betteraves contre le gel (paillage) ainsi que de l'épandage des coproduits (écumes et vinasses).
Toutes les filières ne sont pas impliquées à un tel niveau. Il y a des réticences à la contractualisation, notamment de la part des agriculteurs qui souhaitent « rester maîtres des prix et de la qualité des travaux ». C'est pourquoi les EDT aimeraient pouvoir s'appuyer sur les industriels de l'agroalimentaire pour développer la contractualisation pluriannuelle auprès des agriculteurs.
Aujourd'hui, tout le monde cherche une traçabilité maximale des semis à la récolte. Les entrepreneurs sont tout disposés à apporter de tels éléments de sécurisation.
Mais il faudra sûrement qu'ils déploient de véritables efforts en matière de créativité commerciale et de solidarité interentreprises.