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Les filières volailles reprennent de la vigueur

Les signaux sont au vert même si celui-ci reste encore un peu pâle voire clignotant : les filières françaises des volailles, réunies en AG à Angers mercredi 22 avril, ont fait le point sur les amorces de reconquête du marché national et de l'export.

« L'homme produit du poulet comme il respire », résume Christian Renault d'AND International pour illustrer la croissance mondiale de la production de viandes de volaille, à 2,3 % en 2014 pour atteindre 110 millions de tonnes. Elle devrait devenir, bientôt, la première production animale devant le porc (116 Mt) qui croît moins vite. Forts de ce constat, les comités interprofessionnels des différentes volailles tenaient leur assemblée générale commune à Angers, mercredi 22 avril, dans une ambiance bien plus positive que l'an dernier. Premier constat. Les organisations sont de plus en plus nombreuses à rejoindre une interprofession « de fait » qui, selon Gilles Huttepain, président de la FIA (Fédération des industries avicoles), pourrait d'ailleurs bientôt enfin exister « suite à la réunion très positive d'hier (mardi 21 avril, ndlr), il ne reste que quelques points juridiques à traiter », assure-t-il.

Reconquête du marché français

Second constat. La reconquête du marché français est bien lancée, notamment grâce aux restructurations des outils français, sous l'impulsion du leader LDC qui reprend les outils bretons du groupe Avril. Pour Jean-Yves Ménard, président du CIPC (Comité interprofessionnel du poulet de chair), même si les conditions restent difficiles, la reconquête amorcée en poulet 2013 devient plus visible avec +6 % grâce au moteur de la consommation (+4,5 %). Et cela, malgré la contraction des achats des ménages (-1 %) car la RHD progresse. « L'offre France capte les deux tiers de la croissance en RHD », indique le président. Cependant, les importations ne faiblissent pas avec +2,1 %. Elles proviennent surtout de Pologne, mais aussi d'Allemagne, d'Espagne et même du Brésil de retour dans nos achats. Elles représentent encore 40 % de la consommation de poulet en France avec une pression constante sur l'offre. « La production de poulets est en baisse de 2 %, car la perte des volumes en grand export n'est pas totalement compensée», souligne Jean-Yves Ménard.

DOUX ESPÈRE UNE CROISSANCE DE 6 À 8% EN 2015

Marqué par l'arrêt des restitutions puis par la cessation des abattages de Tilly-Sabco au dernier trimestre, 2014 a aussi vu l'octroi à la filière d'une aide exceptionnelle de 15M€, aide précieuse pour Doux qui a transité par les éleveurs et les OP. Selon Arnaud Marion, le PDG du groupe, Doux a enregistré une croissance de 3% en volume en 2014 et devrait accentuer la tendance en 2015, à 6 % voire 8 %, à hauteur de 18000t. «La demande explose dans le monde et notre marché cible croît de 4% par an. Sans compter que sur nos produits à marque dans les GMS, notre segment augmente encore plus vite, de 10% par an», estime le dirigeant, qui attribue son succès au travail structurel réalisé dans l'entreprise même si la monnaie peut effacer l'avantage concurrentiel. «Notre point mort est à 1,32 de parité. Depuis le plus haut à 1,40 le 8 mai 2014, nous sommes redescendus à 1,07. La volaille française ne se consomme pas que sur notre territoire, les marchés sont là, profitons-en!», conclut-il.

Du côté des filières label Rouge et bio, le constat est plutôt positif : « elles sont dynamiques dans un contexte morose », précise même Éric Cachan, président du Synalaf qui regroupe 200 cahiers des charges (15 % des abattages de poulet, 40 % des éleveurs). Les abattages de volailles label Rouge ont progressé de 4% en 2014 et les découpes ont augmenté de 3 %, ce qui représente 25 millions de poulets découpés. Le bio affiche +10%, mais sur des volumes bien moindres.

«La dinde va mieux»

Seconde espèce en volume, «la dinde va mieux», selon Patrick Pageard, président du Cidef (Comité interprofessionnel de la dinde française) qui poursuit: «et cela même si le contexte matières premières a été moins favorable à la dinde – plus grande consommatrice de protéines– qu'au poulet». La reprise est notamment mieux gérée avec l'arrêt des mises en place anarchiques qui ont, par le passé, plombé les marchés. La baisse des consommations des ménages en 2014 est largement compensée par la reprise en RHD. Cette dernière reste la cible prioritaire pour 2015, car elle constitue le point d'entrée des importations. Même si la stabilisation de la consommation globale reste fragile, avec - 0,5%, la filière dinde souffle un peu avec l'amélioration de son solde commercial grâce à une hausse des exportations (+1,1%) et le recul des importations (-6,6%).

L'interprofession soutient techniquement sa communication avec un travail sur le food service lancé avec le Cercle culinaire de Rennes. Il s'agit de mieux comprendre et de proposer de nouveaux services, en faveur d'un rééquilibrage viande rouge/viande blanche, par exemple.

Hausse de la consommation du canard

Le canard est quant à lui en forme, avec une reprise de 2 % des mises en place et de +5 % pour la consommation intérieure. Le marché intérieur compense la stagnation de l'exportation. Pour finir le tour des espèces : « 2014 est une année correcte pour la pintade avec une progression de 2,1 % des mises en place », souligne Jean-Louis Zwick, président de l'interprofession pintade. Il pointe cependant l'accentuation de la consommation festive de fin d'année. Les ventes en décembre, qui représentaient 12,5 % de la production en 1980, dépassent désormais les 17 %, au risque d'une saturation des élevages.

La filière pintade exporte chaque année 15 % de ses volumes abattus

” L'objectif des efforts de communication, avec le lancement du Grif (Guinea fowl reintroduction international front) et sa mascotte de bande dessinée, un pintadeau « super héros », est donc de favoriser le lissage des consommations durant l'année. Et d'inciter les opérateurs à exporter : « Il n'y a pratiquement pas d'importation en pintade, en revanche, la filière exporte chaque année 70 000 reproductrices, soit 20 % de l'effectif ; 1 million d'œufs à couver ; 800 000 pintadeaux d'un jour ; 1 million de pintades prêtes à abattre et entre 4 500 et 5 000 tonnes équivalent carcasse essentiellement vers le Royaume-Uni et l'Allemagne, soit 15 % des volumes abattus. »

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