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FRANCHE-COMTÉ
Les filières AOP préparent l'après-quotas

Les acteurs des filières AOP fromagères de Franche-Comté viennent de signer une charte qui, avec d'autres outils, leur donnera les moyens de trouver leur propre régulation.

 

La fin des quotas en 2015, et les risques potentiels de libéralisation des productions laitières et fromagères qui lui sont liés, ne sont pas des fatalités. En tous cas pas en Franche- Comté où les filières AOP, de la plus ancienne, le Comté - qui fête cette année ses 50 ans! - aux plus jeunes comme le Morbier, le Mont d'Or et le Bleu de Gex, se sont mobilisées activement, depuis trois ans voire plus, pour passer au mieux ce cap. Elles ont amélioré leurs cahiers des charges et mis en place divers outils d'usage collectif dont le plus récent est une charte, signée officiellement ce 12 septembre 2013, qui engagera tous les maillons des filières (producteurs, transformateurs fermiers, coopératifs ou privés, affineurs) à respecter les valeurs du terroir, la qualité... et les marchés. Bien sûr, « tout le monde ne signera pas la charte, mais elle est sous-tendue par une volonté politique. Ce qui est essentiel », insiste Claude Philippe, président de l'Urfac (Union des syndicats fromagers franc-comtois) mais aussi président du syndicat du morbier et très actif auprès des autres syndicats. « La charte, qui accompagnera des projets personnalisés, installera aussi une ligne de conduite collective pour nos filières, celle d'une évolution modérée sur le long terme. À condition, bien sûr, que nous disposions d'estimations de marché valables », ajoute Martial Marguet, président de la section AOP-IGP du CIL Grand-Est, représentant les producteurs.

 

VERS UNE RÉGULATION VOLONTAIRE

 

« En l'absence d'une régulation de la production laitière, outre l'excès de volume de lait, un deuxième effet pervers de l'après quotas est que des fromagers, en zone AOP ou non, fabriquent des copies d'AOP avec du lait non AOP. Ce qui se fait déjà ! », remarque Claude Philippe. Il exprime ainsi la volonté collective extrêmement forte pour organiser la dissuasion de toute production s'éloignant de la logique AOP.

Les professionnels auraient pu « se contenter » de généraliser les moyens existants. On peut citer la régulation du marché des fromages AOP que leur permet désormais le Paquet Lait, les plans de campagne que le comté met en place grâce à son statut d'interprofession et que le morbier essaie d'adopter. Elles auraient pu aussi étendre la contractualisation, comme l'ont fait individuellement certains groupes laitiers. Sans renoncer à ces outils, elles ont jugé que cela ne suffirait pas et veulent aller plus loin, en s'appuyant notamment sur le bon sens franc-comtois et la motivation.

« Produire du lait mais intelligemment, en sécurisant les coûts de production et en s'assurant de la valeur ajoutée en aval » semble d'ailleurs être le mot d'ordre de toutes les filières AOP fromagères franccomtoises réunies autour de cette charte. « Il faut que l'on ait l'intelligence de se mettre en position de répondre aux marchés et dans le même temps, qu'on arrive à sécuriser nos outils », remarque Martial Marguet.

Tel a d'ailleurs été l'objet de Modlait, un outil pédagogique collectif interdépartemental, en test dans plusieurs exploitations et ateliers de transformation. Avec Modlait, qui permet un accompagnement individuel, chaque exploitation peut, en effet, connaître très précisément l'impact de toute évolution de sa production laitière sur la qualité de son lait, sur ses coûts de production, sur les activités de l'atelier de transformation dont il dépend... « La démarche est louable car elle nourrit la réflexion du producteur au moment de ses choix, note Martial Marguet. Mais ce ne peut être qu'une étape, car elle oblige le producteur qui veut se positionner sur l'avenir, à rendre des comptes au collectif. Ce que tous n'accepteront pas. La charte que nous mettons en place est la seconde étape. »

« Produire plus n'est pas inévitable », révèlent les sondages réalisés auprès des producteurs. « Produire plus n'a pas toujours de sens économique », révèle de son côté Modlait, qui privilégie la qualité plutôt que la quantité. Mieux maîtriser les stades prévisionnels de production permettra en tous cas, de mieux « réguler » les marchés...

Si les marchés se développent réellement, notamment à l'export, les producteurs de lait -- surtout les jeunes qui s'installent -- seront capables de produire plus. Sinon, ils chercheront d'autres voies de valorisation, comme par exemple les ventes de reproducteurs femelles de Montbéliarde déjà bien engagées.

Le volet réglementaire de la charte

 

Il est convenu qu'un accord interprofessionnel rende obligatoire un cadre contractuel, tant pour les privés que pour les coopératives, qui définisse dès le début de la campagne trois niveaux de quantité et de modalité de calcul du prix du lait. Les données contractualisées devraient être déclarées obligatoirement pour donner à la collectivité les éventuels moyens d'anticipation.

 

EN CHIFFRES

  • comté, morbier, mont d'or, bleu de gex
  • 2700 exploitations laitières
  • 160 fromageries
  • 15 maisons d'affinage

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