Les autorités se pressent pour préparer le sacrifice musulman
Changement de gouvernement oblige, le comité de pilotage de l’Aïd el Kebir a eu lieu tardivement cette année, en octobre pour des festivités prévues aux alentours du 20 décembre. Il s’était réuni plusieurs mois à l’avance ces dernières années. Cette concertation tardive entre l’administration, les instances musulmanes nationales et la fédération des abattoirs prestataires de services (FNEAP) laisse peu de temps aux responsables régionaux pour mettre en place le dispositif d’abattage rituel de cette « grande fête » annuelle aussi appelée Aïd el Adha, « fête du sacrifice ». De façon à « pouvoir constituer dans des délais suffisants les dossiers de demande d’agrément pour les abattoirs temporaires », la DGAL devance la publication d’une circulaire interministérielle en diffusant une note de service qui détaille les modalités de fonctionnement et d’agrément des abattoirs.
Les recteurs de mosquées représentatifs des différentes composantes du culte ont salué la sérénité dans laquelle se programme le sacrifice d’une centaine de milliers d’agneaux en trois jours. Il n’y a pas de raisons pour lesquelles l’Aïd se passerait moins bien qu’en décembre dernier. L’an dernier en effet, la perspective de son lancement un 31 décembre avait démobilisé nombre d’abattoirs avant qu’une date moins sensible soit finalement arrêtée. Cette année, la date prévue tombe mieux, en milieu de semaine. Par ailleurs, des dérogations restent en vigueur, comme l’autorisation d’emporter une carcasse non refroidie, de récupérer des pansettes non blanchies ou de laisser au soin des « chefs de familles » la démédullation des ovins de moins de 12 mois (non sans fiche d’information explicite).
L’Organisation d’assistance aux bêtes d’abattoir (OABA), qui a assisté au comité de pilotage, a deux motifs de satisfaction : la rediffusion d’une plaquette d’information composée l’an dernier avec le ministère de l’Agriculture et la FNEAP et la mise en place d’une formation des sacrificateurs sous l’égide de la DGAL. Cette formation s’adressera à des opérateurs pas forcément professionnels ainsi qu’aux personnels d’abattoir et aux vétérinaires. Cependant, il y a peu de chances pour qu’elle soit en place à temps pour cette année, estime-t-on à la FNEAP dont l’organisme de formation, l’Adofia, est sollicité.
L’organisation du sacrifice s’améliore et l’abattage clandestin recule. Ainsi, en décembre dernier, 43 abattoirs temporaires ont été agréés, le plus grand nombre jamais enregistré (33 agréments en janvier 2006) et seulement 24 sites clandestins ont été dénoncés contre 65.
Pour autant, ce basculement cache l’amenuisement des capacités mobilisées en abattoir pérenne. Ils n’ont été que 134 l’hiver dernier contre 162 à 185 les trois années précédentes et la FNEAP ne saurait dire combien ils seront cette année. Par ailleurs, le recul des sites clandestins n’est qu’un retour à un chiffre plus ordinaire après l’explosion de l’hiver dernier et la menace de contrôles plus serrés. Toujours est-il que le nombre de têtes a reculé dans le cadre légal : 109 000 agneaux en décembre contre 127 733 en janvier 2006.