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Les arguments santé de la matière grasse laitière

Depuis plusieurs décennies, les relations entre la matière grasse laitière et la santé sont explorées. Son rôle favorable ou neutre a été souvent démontré. Un nouveau tour de table apporte des éléments supplémentaires en sa faveur.

 

On entend dire : « les acides gras saturés (AGS) augmentent les maladies cardiovasculaires (MCV), favorisent la prise de poids, etc. Les produits laitiers en contiennent ; ils jouent donc le même rôle ». Bon nombre de ces croyances nées de fausses équations, conditionnent les pratiques médicales, le discours des médias, la réglementation, la consommation. Or, les résultats de la plupart des études scientifiques ne corroborent pas ces affirmations, bien au contraire. C’est la conclusion générale de la journée consacrée à la thématique « matière grasse laitière et santé » organisée par le Cniel à la Maison du lait en juin dernier. Premier sujet abordé : l’obésité. D’après Didier Chapelot, professeur à l’Université Paris 13, les preuves du rôle des lipides et des AGS dans la prévalence de l’obésité sont fragiles, quelle que soient les études épidémiologiques. De plus, « lorsque sont pris en compte, dans les études épidémiologiques, certains co-facteurs — comme les apports de fibres, l’exercice physique et la génétique des individus — la relation entre lipides, AGS et poids se révèle être faible et inconstante », précise- t-il. Des travaux récents qui intègrent ces facteurs, attestent de l’absence de relation entre lipides totaux, acides gras saturés et obésité. En revanche, les apports de glucides, souvent négligés par le passé, semblent avoir un effet très significatif sur la prise de poids (1).

 

SYNDROME MÉTABOLIQUE: LES PRODUITS LAITIERS PLUTÔT BÉNÉFIQUES

 

Béatrice Morio, chercheur à l’Inra de Clermont- Ferrand, décrit pour sa part, les résultats des études majeures ayant portées sur le lien entre AGS, produits laitiers et syndrome métaboli- que. Le syndrome métabolique est un facteur de risque majeur de diabète de type 2, de maladies cardiovasculaires et de développement de certains cancers. Cette pathologie, dont la prévalence ne cesse d’augmenter dans la population, est étroitement liée au mode de vie, notamment à l’activité physique et à l’alimentation. « L’analyse des études épidémiologiques et d’interventions (voir lexique) — certes moins nombreuses — révèle que la matière grasse laitière ne contribue pas à augmenter le risque de syndrome métabolique. La consommation de produits laitiers serait même associée à une diminution de l’incidence du syndrome métabolique et du diabète de type 2 », rapporte Béatrice Morio. En complément d’un profil spécifique en acides gras, d’autres composés de la matrice laitière comme le calcium, les peptides bioactifs, les vitamines (B et D) participeraient à cet effet bénéfique des produits laitiers.

 

MATIÈRE GRASSE LAITIÈRE, PRODUITS LAITIERS ET INFLAMMATION

 

Une nouvelle composante des désordres métaboliques est l’inflammation dite « à bas bruit ». Elle correspond à un état inflammatoire faible mais permanent de l’organisme lorsqu’il est surexposé de façon chronique à des toxiques ou à certains nutriments. De nombreux travaux émergent car le rôle de cette composante inflammatoire dans le développement des maladies métaboliques apparaît de plus en plus évident. Les études publiées suggèrent que la quantité mais également la qualité des lipides ingérés ont leur importance. Qu’en est-il de l’effet spécifique des graisses laitières ? « À ce jour, les données disponibles indiquent que la consommation de matière grasse laitière et/ou de produits laitiers ne serait pas associée à l’apparition de cette inflammation, bien au contraire… », répond Marie-Caroline Michalski, chercheur à l’Inra de Lyon. Ses propos découlent notamment des résultats des études d’observations, dont celle de Panagiotakos et al. 2010 (2), menée sur 3000 hommes et femmes, ayant mis en évidence un effet bénéfique de la consommation de produits laitiers sur l’inflammation. À la lumière de ces éléments mais aussi de l’ensemble des résultats nouveaux sur la biodisponibilité des oméga 3 et le rôle de la structure, l’effet neutre voire bénéfique de la matière grasse laitière sur la santé se confirme. Philippe Legrand, expert en biochimie nutrition à l’Inra de Rennes, en est persuadé: « Nous avons là les bases scientifiques qui le prouvent », a-t-il conclu en clôturant la journée. Reste à faire passer le message au plus grand nombre.

 

(1) Zienczuk N, et al. Dietary correlates of an at-risk BMI among Inuit adults in the Canadian high arctic : cross-sectional international polar year Inuit health survey, 2007-2008. Nutr J, 2012; 18 (11 : 73).

(2) Panagiotakos DB, et al. Dairy products consumption is associated with decreased levels of inflammatory markers related to cardiovascular disease in apparently healthy Adults : the ATTICA study. J Am Coll Nutr. 2010; 29(4): 357-364.


QUESTIONS À

 

« RÉORIENTER LA RECHERCHE VERS UNE VISION PLUS HOLISTIQUE DE L’ALIMENTATON »

 

« Dans quelle direction faut-il orienter les projets de recherche de demain ?

Corinne Marmonier - « Nous voyons aujourd’hui que le discours sur les acides gras saturés (AGS) évolue favorablement dans la sphère scientifique. On commence à admettre une distinction entre les AGS et on reconnaît pour certains un intérêt pour la santé. Ce changement de posture est favorable à la matière grasse laitière. Le Cniel doit continuer à participer à la diffusion de ces résultats. Mais la matière grasse laitière ne se résume pas aux AGS. Elle contient d’autres acides gras d’intérêt. De plus, on ne consomme pas des nutriments isolés mais un ensemble complexe de nutriments sous différentes formes: lait, yaourt, fromage, beurre…

De nombreuses études montrent un effet bénéfique des produits laitiers sur différentes pathologies (cardiovasculaire, diabète, etc.) suggérant une interaction positive entre les acides gras et les nombreux autres composés du lait. L’effet aliment est plus important que celui d’un nutriment isolé. Il faut donc réorienter la recherche vers ce qu’on appelle dans notre jargon « l’effet matrice » ou encore vers une vision plus holistique de l’alimentation. Un retour en quelque sorte vers les aspects fondamentaux de la nutrition ». Porpos recueillis par Rita Lemoine

 

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