Les allégations de santé mises à rude épreuve
«Les souhaits de l’Efsa (Autorité européenne de sécurité des aliments, NDLR) sont beaucoup plus forts que ce que l’on pensait. On va déposer beaucoup de dossiers, mais ce n’est pas facile ». Il y a quelques semaines, Peter J. Van Bladeren, directeur du centre de recherche Nestlé, faisait cet aveu édifiant à propos des allégations de santé, devant une poignée de journalistes français. Quelques minutes plus tôt, le vice-président de la branche science et recherche de Nestlé présentait pourtant le centre de Lausanne comme « le plus beau laboratoire du monde », faisant appel aux compétences de 2 500 personnes et générant un milliard de francs suisses de chiffre d’affaires. Depuis, la publication par l’Efsa, le 1er octobre, de 523 avis sur des « allégations fonctionnelles de santé génériques », dont les preuves scientifiques sont communément admises, a encore plus refroidi les professionnels de l’agroalimentaire. Certains arguments de vente, comme « le raifort améliore la fonction diurétique », sont mis en question. D’autres, comme « le Bifidobacterium animalis Lafti B94 entretient l’équilibre de la flore intestinale », demandent à être mieux étayés scientifiquement. Dans bien des cas, l’Efsa souhaite une meilleure caractérisation du principe actif ou de ses bénéfices. Une attitude scientifique qui confronte les industriels au défi de coordonner innovation alimentaire, marketing et politiques de santé publique.