Protéines végétales

Le soja dans l’assiette des Sud-Américains

Les protéines végétales progressent aussi dans l’alimentation humaine en Amérique du Sud. L’Association argentine de la filière soja (ACSOJA), parrainée par la Bourse du commerce de Rosario, a réalisé une étude qui a relevé la présence du protéagineux dans près de 80 % des produits de grande consommation vendus dans la ville de Rosario sur un échantillon de 745 aliments élaborés.

Cette étude, réalisée en 2008, puis en 2014, fait état sur cette période d’une hausse de 13 % du nombre de produits contenant de la lécithine de soja (biscuits, laits en poudre, glaces et sauces) et de 30 % de celui des aliments incorporant de l’huile de soja (pizzas, pâtés et margarines). De la protéine de soja ajoutée dans les produits charcutiers a été décelée dans 78 produits en 2014, soit une hausse de près de 8 % par rapport à 2008.

Les médaillons de soja panés en vogue

Il suffit de voir le rayon des produits congelés d’un magasin Jumbo, Carrefour, Coto ou Día, à Buenos Aires : les médaillons de soja panés occupent désormais le même espace que les steaks de bœuf, soit 10 m sur 20 m de linéaire. Les abattoirs Swift Food et Sadia (Brasil Foods), et les marques Lucchetti et Granja del Sol de l’agro-industriel Molinos, mais aussi les distributeurs eux-mêmes proposent leurs « steaks » de soja.

Les commerces d’aliments bios pullulent à Buenos Aires et le « steak » de soja fait maison y est un produit phare. Dans ces boutiques, le soja est également vendu trituré en sachets plastique de 200 à 500 g à un prix variant de 0,25 € à 0,50 €/kg. « Nos clients préparent ce soja trituré dans des sauces type bolognaise », relate Fernanda Perucca, de la boutique Sofía, à Buenos Aires, où le quinoa connaît aussi un franc succès, malgré un prix de vente de 7 €/kg.

Le succès croissant des protéines végétales dans l’alimentation humaine en Argentine l’est aussi dans le reste du Cône Sud, selon le médecin phytothérapeute Hugo Goldberg. « Des chaînes de restauration végétarienne prolifèrent au Chili et au Brésil », dit-il, où tous les supermarchés ont désormais leurs rayons de produits bios proposant des médaillons de soja et des barres de céréales de quinoa. « L’industrie a vu cette opportunité, qui n’est plus un marché de niche, étant donné l’importance du parc industriel oléagineux en Argentine, les volumes de médaillons vendus ont massifié la consommation végétarienne », remarque-t-il.

Dans un hypermarché Jumbo, à Buenos Aires, les médaillons de soja sont vendus à 7,50 €/kg tandis que ceux de bœuf sont présentés à 12,50 €/kg. Le coût d’achat des farines de soja étant nettement inférieur à celui du bœuf, les volumes commercialisés en grande surface dans tout le pays font les affaires des industriels du pôle agro-industriel situé en amont de Rosario. Car l’Argentine est le premier exportateur mondial de farines de soja avec 44 millions de tonnes de fèves moulues l’an dernier.

L’analyste de marché Gustavo López nuance toutefois en précisant que la part destinée à l’alimentation humaine reste infime par rapport aux tonnages expédiés vers l’Europe à destination des cheptels.