Le poulet américain javelisé pourrait s'imposer
Stupeur chez les industriels de la volaille : la Commission européenne est prête à céder aux Etats-Unis sur la question des méthodes américaines de décontamination des carcasses. Une première réunion du Conseil économique transatlantique, créé en avril 2007 pour gommer les vieilles entraves au commerce entre les deux blocs, s’est conclue sur cette déclaration : « Avant le prochain sommet USA-UE et après avoir reçu un avis scientifique, la Commission va prendre des mesures pour résoudre définitivement le vieux différend sur les importations dans l’UE de poulets américains ayant subi un traitement de réduction des substances pathogènes ». D’après le correspondant de l’AFP à New York, le fait que la décision de Bruxelles s’appuie sur un avis scientifique est une victoire pour la partie américaine. Cette dernière est en effet persuadée que les volailles abattues aux Etats-Unis sont les plus sûres.
La méthode américaine consiste essentiellement en un bain de javel sans considération du degré de contamination microbienne du poulet ou de la dinde. Cette approche curative de l’hygiène, si différente de l’approche européenne, est un motif pour l’Union de refuser l’accès aux produits américains. En termes d’avis scientifiques, l’Efsa ne lui trouve ni avantage ni inconvénient. Pourtant, certains pays du Nord de l’Union la défendent. Par ailleurs, certains responsables communautaires, dont Günter Verheugen, vice-président de la Commission européenne, semblent prêts à faire des concessions sur ce sujet pour favoriser une clôture du cycle de Doha.
Le risque est donc grand de voir l’Union importer des pattes de poulet, d’autant plus compétitives qu’elles sont des sous-produits de l’industrie américaine des blancs de poulets, alors que le marché américain est le plus fermé. Seul le consommateur pourrait éventuellement s’émouvoir en lisant sur une étiquette que sa viande a subi un traitement chimique.