Le marché de l’agneau demande à s’éclaircir
Première étape d'un chantier pluriannuel, une étude sur la formation des prix de la viande d'agneau a été présentée à l'assemblée générale de la Fédération nationale ovine (FNO) à Beaune la semaine passée (lire LM d’hier). L'un des constats mis en avant rejoint celui d’Interbev Ovin : trop de complexité. Si l'offre française est à l'image de la variété des terroirs, des races et des systèmes d'exploitation (herbe, bergerie, mixte...), sa complexité peut freiner la commercialisation tandis qu'elle rend difficile l'étude du marché, et partant, le contrôle des prix.
L'étude encourage la FNO à élaborer un langage commun pour tous les opérateurs. Trop de termes sont employés : agneau, agnelet, agneau gris, sevré, lourd, de lait... « Il faut savoir de quoi on parle » avait prévenu la FNO en lançant l'étude. D'après Emmanuel Coste, vice-président de la FNO et président du bureau Interbev Ovins, il serait bon de faire valider des définitions communes par la DGCCRF, en commençant par exemple par l'agneau de lait. Il cite les dénominations officielles qui ont cours en Espagne pour les agneaux non sevrés : le « lachal » pèse 5 à 6 kg de carcasse, le « ternasco » va jusqu'à 12.
Ce n'est pas tout, la loi d'orientation n'a pas vraiment permis de « faire le ménage » dans les SOQ (signes officiels de qualité). Puisque la certification produit est maintenue, Emmanuel Coste est partisan d'une simplification au strict minimum du socle commun des pratiques des éleveurs. S'agissant en particulier de l'âge, la limite de 300 jours lui semble suffire. L'agrément des fournisseurs d'aliments et la connaissance des compositions de concentrés, voilà ce qui mérite vraiment de subsister. La traçabilité n'est plus un critère de différenciation maintenant que la réglementation la rend obligatoire. Quant au poids et à l'aspect de la carcasse en général, cala relève du travail de l'abatteur. L'étude sur les prix interroge sur la pertinence de la conformation comme « élément principal » de rémunération des éleveurs, « alors qu'il ne touche pas directement le consommateur plus sensible au goût, à la tendreté...à l'origine». Cette dernière étant éventuellement agrémentée d'un descriptif du mode d'élevage.
Le paysage français des SOQ ovins et des marques se complique encore avec l'affirmation de nouveaux bassins de production que sont la Lorraine, la Champagne et la Bourgogne. Pour retrouver leurs billes, les éleveurs de ces régions feront peut-être bien de se rallier aux démarches plus anciennement établies de régions voisines, conservant leurs produits spécifiques à une consommation locale confidentielle.
Au-delà des signes et des marques, la démarché fédérative de l'interprofession ovine, Agneau de nos terroirs (ANT) augmente son taux de couverture. A la fin 2005, elle comptait l'engagement de 2 121 GMS contre 1995 fin 2004, 2 090 artisans bouchers contre 1 700 fin 2004 et 274 grossistes contre 210. Mais comme la PLV (publicité sur lieu de vente) laissait à désirer en GMS, Interbev Ovins a renforcé les moyens.