Le H5N1 signe un tournant pour les Labels
L'épisode de grippe aviaire asiatique va influencer durablement les structures d'élevage et de production avicole à travers le monde, et plus particulièrement en France. Voici l'une des conclusions des professionnels réunis sous l'égide de la section française de la WPSA (World Poultry Science Association), le 23 mars dernier au Mans. Prévue depuis deux ans, la seconde édition des Jeudi de la WPSA consacrée à la qualité dans la filière avicole a révisé son déroulement en raison de la crise pour laisser place à une table ronde.
Qu'en sera t il des Labels ? Comment expliquer aux consommateurs que le produit Label conserve sa différence, qu'il soit enfermé ou non ? Comment revenir sans dégât à la situation initiale ? La communication a jusqu'ici en effet principalement tourné autour de la vie « en plein air » comme facteur différenciant, laissant en arrière-plan les éléments les plus déterminants de la qualité gustative, notamment la croissance lente. Tout le monde est conscient du risque de la durée de la crise et du fait qu'il faille apprendre à vivre avec : aucune sortie de crise n'est actuellement envisagée par les professionnels.
Les promotions réalisées début mars chez Auchan (un poulet label gratuit pour un acheté) ont été un franc succès, a expliqué Christophe Airiau, chef du secteur métiers de bouche. Mais ces promotions, inconnues dans les Labels, ne risquent-elles pas de desservir à terme ces derniers, se demande Marie Cuenot (Synalaf) ? Un certain « principe de précaution » à l'égard de l'image des produits impose de recourir à ces méthodes le plus rarement possible. La tendance à la baisse des ventes de volailles entières continuera dans tous les cas à réduire la place des Labels dans les produits avicoles, selon les tendances soulignées par Pascale Magdelaine (économiste de l'Itavi).
A terme, et comme la notion de Label est peu reconnue hors de l'Hexagone, le segment certifié pourrait prendre des parts de marché. L'exportation de l'aviculture française est durablement perturbée. La faute au premier cas en élevage en France, dû selon les professionnels à une mise en place tardive des mesures de protection autour des premiers oiseaux sauvages retrouvés morts.
En matière de structures de production, l'incertitude pesant sur la diffusion du virus en Amérique du Sud, notamment au Brésil, rend difficile toute prospective. Si le virus se développait là-bas, les cartes internationales seraient rebattues et soutiendraient la théorie du développement régionalisé des productions animales. Les élevages asiatiques devraient en tout cas devenir plus « industriels », par exemple au Vietnam, afin de réduire par la claustration, les risques de contamination d'un élevage à l'autre : qui dit industrialisation dit augmentation de l'offre. Mais à quelle échéance ?