Le foie gras veut faire encore mieux cet hiver
Surfer sur la vague de 2004 : c’est l'ambition des industriels du foie gras pour la fin d'année. L'idée est tentante à voir la courbe de consommation qui s'envole au-dessus de la précédente vague du passage à l'an 2000. L'an dernier en effet, les achats des ménages ont bondi de 10 % (source Consoscan) et de nouveaux consommateurs ont été recrutés puisque leur nombre a augmenté de 7 %. Ce mouvement a particulièrement profité au foie gras entier, caractérisant une montée en gamme des achats, ainsi qu'au foie gras cru à cuisiner, ce qui témoigne d'un ancrage culturel.
Les premiers indicateurs de 2005 encouragent le secteur à prendre son élan. Le mois de septembre a compté 20,3 % d'acheteurs contre 19,7 % en septembre 2004 (source Consoscan). Et le succès du foie gras entier ne se dément pas, constate le Cifog (Comité interprofessionnel des palmipèdes à foie gras). La viande de canard semble suivre la tendance puisque la consommation de magrets est en progression de 10 % sur les 9 premiers mois de l'année, comparativement à la même période de l'an dernier. L'offre nationale, qui avait progressé de 6 % l'an dernier, est alimentée cette année par une production en croissance de 3 à 4 % depuis janvier.
Pour transformer l'essai de 2004, les industriels misent sur la spontanéité de l'achat et la facilité de préparation. Les assiettes gourmandes toutes prêtes et les tranches prédécoupées s'invitent à l'apéritif, à l'entrée de repas facile ou au simple pot entre collègues. Les « escalopes crues surgelées » sont prêtes à poêler, les foies gras déjà déveinés et assaisonnés invitent à réaliser soi-même sa terrine. Ces formes de consommation seront soutenues par la rediffusion à la télé du conte publicitaire dont le slogan est « le foie gras, il y a quelque chose de magique que les autres n'ont pas ! »
Les « jeunes créateurs culinaires» sont mis à contribution avec un premier « Challenge » : réaliser une entrée à base de foie gras " prêt à consommer " à la fois créative, festive, esthétique et moderne, destinée aux fêtes de fin d'année mais aussi aux anniversaires, à la Saint-Valentin, aux cérémonies, etc.
Les finalistes se sont retrouvés hier au Ritz, à Paris, pour composer des brochettes, médaillons sur blinis de blé noir ou foie chaud sur topinambour accompagné d'un sorbet de betterave, d'un kougelhopf et de noix. A cette occasion les membres du Cifof et le « cercle des amoureux du foie gras » ont fêté l'adoption, la veille à l'Assemblée nationale, d'un nouvel article du code rural établissant que le foie gras « fait partie du patrimoine culturel et gastronomique protégé en France » et qu'il s'agit d'un foie de canard ou d'oie « spécialement engraissé par gavage ». Cet article voté à l'unanimité par les députés a toutes les chances d'être maintenu au Sénat. Il s'appuie sur un rapport bouclé en juin dernier par le Comité permanent de coordination des inspections (Coperci) établissant, de sources scientifiques concordantes, qu'il n'existe pas d'alternative au gavage, cette pratique ne provoquant aucune pathologie chez le palmipède.