Interprofession
Le Cniel lieu d'échanges entre les acteurs du secteur
Quel avenir pour le Cniel avec la fin des quotas ? Face à cette
nouvelle donne, le positionnement de l'interprofession a été redéfini alors que sa légitimité a été consolidée par Bruxelles.
Cniel à la maison du lait.
« L’interprofession laitière
a pour ambition d’amplifier
l’efficacité des acteurs de la filière.»
Ces dernières années, le Cniel a vu ses prérogatives remises en cause. Son utilité a fait l'objet d'interrogations de la part des producteurs et des transformateurs face à la perspective de la fin des quotas et à la mise en place de la contractualisation. « Ceci a commencé en 2008, rappelle Benoit Mangenot, son directeur. Les pouvoirs publics français avaient alors rappelé le risque de non-conformité des recommandations interprofessionnelles d'évolution sur le prix du lait avec la réglementation de la concurrence ».
UNE LECTURE COMMUNE DE L'ÉCONOMIE DE LA FILIÈRE
Le retrait obligé du Cniel n'a pas été sans conséquences, même si l'interprofession fournit des éléments de référence sur l'évolution des marchés et produit des notes de conjoncture et des analyses économiques. Il a occasionné une certaine perte de repères pour les producteurs et les transformateurs ; le poids de ces derniers devenant plus grand dans la définition des conditions d'achat du lait du fait de la mise en place de la contractualisation. Ce déséquilibre s'est traduit par des tensions et des tractations entre les acteurs de la filière. La notification des indicateurs économiques du Cniel à Bruxelles l'année dernière qui les a validés, donne au Cniel toute la légitimité pour les diffuser. « Le Cniel peut apporter une lecture commune de l'économie de la filière qui permet une réflexion globale des professionnels autour de données objectives », affirme Benoît Mangenot. C'est désormais acquis. Après la tenue de deux tables rondes en 2013, réunissant producteurs, transformateurs et distribution, sur la question des prix et des marchés sous l'égide des pou voirs publics, le Cniel s'est repositionné de nouveau en tant que lieu d'échanges entre les acteurs du secteur, en fin d'année. Le comité de liaison Cniel-distribution a été réactivé en décembre dernier. « Nous sommes aujourd'hui en phase de consolidation sur ces aspects », rapporte Benoit Mangenot. « Et alors qu'on était intervenu à la marge dans la mise en place de la contractualisation - malgré la création de la commission interprofessionnelle des pratiques contractuelles qui a continué à fonctionner en 2013 - nous avons obtenu un consensus des trois collèges pour redémarrer la réflexion autour des indicateurs de marché, l'installation des jeunes et les bonnes pratiques contractuelles », poursuit-il.
ETRE CONQUÉRANT SUR LES MARCHÉS EXTÉRIEURS
En dehors de ces questions politico-économiques, un travail a été mené visant à définir une nouvelle vision stratégique de l'interprofession laitière pour la période 2014-2016. La question posée : que peut faire l'interprofession pour amplifier l'efficacité de l'action des opérateurs, producteurs et transformateurs, dans un environnement économique en plein changement ? « Nous avons une véritable ambition pour le secteur, affirme Benoit Mangenot. La France laitière a une carte à jouer pour saisir les opportunités de développement offertes par l'augmentation de la consommation dans les pays émergents. Pour cela, elle se doit de porter ses efforts sur l'amélioration de sa compétitivité. Et l'interprofession doit y participer. » La France a augmenté ses exportations de produits laitiers vers les pays tiers de 1,1 milliard de litres entre 2009 et 2012, alors que les Néerlandais n'ont progressé que de 100 millions de litres sur la même période. « On peut raisonnablement s'attendre à ce que ce mouvement se poursuive. Nous étudions des scénarios qui aboutissent à une croissance de nos exportations de l'équivalent de 2 à 2,5 milliards de litres d'ici 2020 », annonce-t-il rappelant que le Cniel consacre plus de 5 millions d'euros à la promotion des produits laitiers à l'international.
CONSOLIDER LA BONNE IMAGE DU LAIT EN FRANCE
La France, qui consomme 60 % des volumes du lait collecté, n'est pas oubliée. « Il faut continuer à défendre nos activités dans l'hexagone, notamment face au débat actuel sur le rapport entre la société et l'élevage. Nous avons la volonté de nous exprimer au nom de la filière pour mettre en valeur sa durabilité, ses apports à l'environnement, le réservoir d'emplois qu'elle représente, les qualités sanitaires et nutritionnelles des produits laitiers... » La mise en oeuvre de ce plan qui s'articule autour de 5 axes stratégiques, vient de démarrer avec une volonté affirmée de transmettre aux professionnels les résultats des travaux techniques, scientifiques et économiques menés par le Cniel. Objectif: faire bénéficier tous les acteurs de la chaîne laitière de l'information nécessaire à l'amélioration de leur compétitivité.
LES 5 NOUVEAUX AXES STRATÉGIQUES (2014-2016)
Axe 1 - Développer les atouts du modèle laitier français par des programmes d'actions ambitieux visant à améliorer la compétitivité de la production laitière et sa capacité à faire face à la volatilité des cours.
Axe 2 - Créer et entretenir un climat de confiance entre la production et la transformation. Cette confiance permet de « fluidifier » les relations entre les producteurs et les transformateurs, au niveau local ou régional même si le coeur de la relation producteurs/transformateurs se situe désormais au niveau de la relation contractuelle.
Axe 3 - Contribuer au développement des exportations en agissant sur plusieurs leviers : analyse des marchés, promotion du modèle laitier français à l'international, communication en faveur des produits laitiers sur les marchés extérieurs.
Axe 4 - Contribuer au développement de la qualité du lait et des produits laitiers et participer à une meilleure connaissance des qualités nutritionnelles des produits laitiers.
Axe 5 - Donner une image positive de la filière laitière française en tant qu'acteur du développement durable. Élaborer une stratégie de progrès et de communication dans ce domaine sur les trois piliers : environnement, économie et sociétal.
À SAVOIR
Une interprofession consolidée :
• Le Paquet lait a donné la possibilité au Cniel de disposer de moyens dérogations au droit européen de la concurrence, pouvant ainsi émettre des indicateurs économiques qui peuvent servir de référence pour le calcul du prix du lait.
• La cour de justice de Luxembourg a affirmé le caractère privé et la légalité de la CVO (cotisation volontaire obligatoire) destinée à assurer le financement de l’interprofession. La CVO, pour la période 2014-2016, a été homologuée en décembre dernier par les pouvoirs publics français.