Le canard à rôtir tire son aiguillette du jeu
La viande de canard n’a été que peu affectée par la crise de la grippe aviaire, s’est-on rappelé à l’assemblée générale du Comité interprofessionnel du canard à rôtir (Cicar) vendredi dernier, celle du canard à rôtir l’ayant été un peu plus que celle du canard à foie gras.
Si dans l’ensemble le canard a vu ses ventes s’infléchir de 2 % seulement l’an dernier (selon TNS/Secodip), les ventes de canettes entières ont chuté de 16 % et les ventes de filet (découpe qu’on appelle « magret » dans le canard gras) de 13 %. Les pièces entières n’ont pas bénéficié des promotions effectuées sur les poulets du type « deux pour le prix d’une ». Quant au filet, Gilles Le Pottier, délégué général du Cicar, a avancé deux explications. La première tient à la forte proportion de seniors parmi les consommateurs de filet (60 % ont plus de 50 ans), qui ont été plus sensibles à la médiatisation de l’influenza que les classes d’âge plus jeunes. La seconde tient au prix de détail, moins attractif que celui du magret de canard gras (12,86 euros le kilo contre 11,99 en moyenne 2006) ; une disparité qui tient surtout aux fréquentes promotions sur le magret. La différence entre le filet et magret, deux pièces nobles, c’est que le filet est une découpe majeure du canard à rôtir alors que le magret est un sous-produit du foie gras.
En dehors de ces faits, les achats de découpe en grandes surfaces « restent bien orientés malgré une moindre fréquentation du rayon volaille au cœur de la crise », dit le rapport de l’assemblée générale, enregistrant une croissance de 2 % en 2006. Le circuit de commercialisation traditionnelle a de son côté perdu quatre points de part de marché l’an dernier par rapport à son pic de 23 % en 2004. A cela, Marc Hervouet, président du Syndicat des grossistes en volailles à Rungis, a donné une explication conjoncturelle, le manque de marchandise, et une explication commerciale concernant les découpes, des conditionnements trop importants pour des bouchers qui vendent peu de volaille.
Les moins de 35 ans, « en progression sensible »
La dynamique de la filière repose autant sur les cuisses, filets, aiguillettes et autres « côtelettes » (filet coupé en transversale) que sur les pièces entières, plutôt réservées aux fêtes de fin d’année et au Nouvel an chinois. Un fait prometteur : la catégorie des jeunes de moins de 35 ans, « en progression sensible », représente maintenant 13,6 % des acheteurs de filet de canard. Par ailleurs, son statut de viande rouge place la viande de canard en concurrence avec le bœuf à griller, dont le prix peut progresser.
Les abatteurs jouent serré cette année. Parce qu’ils ont freiné devant la médiatisation (- 7,5 % sur 2006), ils ont démarré avec un stock « anormalement bas » en tous produits. Ceci s’est traduit par une hausse de 10 % des prix à la consommation, relativement accepté d’un consommateur plutôt aisé.