L’aviculture mobilisée, la faune très exposée
Le redoux actuel annonce de façon imminente la remontée vers le nord d'oiseaux sauvages déplacés plus au sud par la dernière vague de froid hivernale. D'après Frédéric Archaux, ornithologue au Cemagref de Nogent-sur-Vernisson (Loiret), cela rend « à peu près inéluctable » la prochaine découverte dans l'Hexagone de cas de mortalité aviaire dus au virus H5N1 de l'influenza asiatique. Une trentaine de cadavres de cygnes ont été découverts ces derniers jours dans le Sud de l'Italie, en Sicile, dans les Pouilles et en Calabre, dont huit étaient porteurs de ce virus hautement pathogène. D'autres cas ont été détectés en Grèce. Le spécialiste se demande si ces oiseaux étaient en phase de déplacement ou s'ils résidaient sur place au moment de leur contamination. Dans le premier cas, qu'il juge le plus probable, il n'y a pas forcément d'épizootie dans les lieux concernés ; dans le second en revanche, elle toucherait d'autres oiseaux d'eau. Sans être de grands migrateurs, les cygnes peuvent se déplacer sur des longues distances, essentiellement pour des raisons météorologiques, explique-t-il,. Cela dépend de l'espèce (certaines sont sédentaires) et de l'âge (les jeunes se déplacent davantage). Certaines espèces sauvages vont se reproduire en Europe du Nord.
Mauvais cygne
Questionné sur le fait que le cygne soit le principal oiseau cité dans les annonces de cas d'influenza en Méditerranée, en mer Baltique en Slovénie, Autriche et Hongrie, l'ornithologue souligne que celui-ci se situe entre l'oiseau sauvage et domestique. Sa taille, sa blancheur et sa présence près des zones habitées font que les gens repèrent facilement son cadavre. Peut-être, est-il plus sensible que d'autres oiseaux aux virus circulant actuellement.
Il n'est pas confirmé que le virus H5N1 repéré en mer Baltique est de souche asiatique hautement pathogène. Aucune hécatombe d'oiseaux sauvages n'a été constatée jusqu'alors en Europe. Frédéric Archaux espère que les moineaux, pigeons et espèces peu farouches seront épargnées par l'influenza. Car s'ils la contractaient, les oiseaux domestiques seraient particulièrement difficiles à protéger.