L'agroalimentaire français cherche la croissance à l'export
Face à la guerre des prix qui fait des ravages en France, « l'export représente pour nos entreprises un excellent relais de croissance et un formidable moteur de dynamisation », a déclaré Jean-Philippe Girard, président de l'Association nationale des industries alimentaires (Ania), lors de l'inauguration du Sial. Avec plus de 1 000 entreprises exposantes (en hausse de 10 % par rapport à 2012) et une nouvelle bannière bien visible « Made in France, made with love », l'agroalimentaire tricolore signait d'ailleurs son grand retour dans les allées du salon. Sur les stands, l'ambiance était plutôt bonne, traduisant un élan offensif et un esprit innovant au sein des entreprises. Et notamment sur le stand du groupe LDC, qui a créé l'évènement à la veille de l'ouverture du salon, en annonçant la reprise de l'activité volailles de Glon (Sofiprotéol). « Le groupe a des ambitions internationales, mais ce serait illisible si déjà sur le territoire on n'était pas capables de reconquérir des parts de marché en RHF et dans les PAI », a déclaré à cette occasion Denis Lambert, président-directeur général du groupe. Si à court terme c'est plutôt la France qui est visée, l'activité export représente déjà 30 % des ventes volailles de Glon. Et LDC progresse déjà depuis 5 ans à l'export avec des produits nobles (comme les gammes festives) en Afrique, dans les pays nordiques et anglo-saxons (avec les produits labels et fermiers), selon Martin Clarenbeek, directeur export du groupe.
La viande joue l'innovationUn peu plus loin chez Convivial, Jean Meunier, président du conseil d'administration de la PME, mettait en avant les qualités du « french burger », pour vendre sa technologie du parfait de Charolais adaptée depuis quelques mois au porc et au poulet, et donc plus abordable.
Puigrenier SAS espère pour sa part gagner des points à l'export avec son tout nouveau procédé d'affinage des viandes. « On propose du Charolais affiné jusqu'à douze semaines, tout à fait bordé sur le plan sanitaire », précise Charles Lacoste, directeur commercial de la PME. Une technologie dans l'air du temps, alors que le Wagyu japonais attirait des dizaines de visiteurs quelques stands plus loin.
“ Le charolais affiné 12 semaines de Puigrenier
La qualité était aussi mise en avant par Roger Descours, spécialiste du fruit surgelé, sur son très bel espace au Sial. Le groupe, qui réalise déjà 30 % de son chiffre d'affaires de 92 millions d'euros (consolidé) à l'export, confie de fortes ambitions outre-Atlantique. « Les États-Unis annoncent 4,2 % de croissance pour l'an prochain », argumente Roger Des-cours. Un gros projet s'y prépare pour 2015/2016. En attendant, le groupe exporte aux États-Unis et au Canada sa framboise serbe provenant de producteurs à qui il fournit et contrôle les pesticides utilisés. Une troisième usine, ayant nécessité plusieurs millions d'euros d'investissement, est par ailleurs en construction au Maroc pour approvisionner ces marchés en fraise. Sa filiale Concept Fruits, spécialisée dans le marron, développe pour sa part ses ventes vers l'Asie. Sa pâte de marron, à marque le « Comptoir du châtaignier » avec un petit drapeau bleu-blanc-rouge, se vend ainsi très bien au Japon, pour la confection du dessert Mont Blanc, réputé dans ce pays, selon Angelo Zilio, directeur commercial export de la PME.
«L'image très lovely frenchy, romantique» des Anis de Flavigny est aussi ce qui fait vendre les petites confiseries bourguignonnes dans plus de trente-cinq pays. Mais c'est surtout grâce au dynamisme de sa patronne, Catherine Troubat, que la PME réalise 30% de son chiffre d'affaires à l'export. Au Sial, elle s'était donné pour mission de faire valider ses nouveaux formats (petits étuis par cinq, grandes boîtes, petits bonbons à l'anis) auprès de ses importateurs et grossistes étrangers, aux États-Unis où les Anis de Flavigny sont appelés the french mints ou encore au Japon où les pastilles à la rose rencontrent un vif succès auprès des jeunes japonaises.
L'ambiance était en revanche plus morose du côté des charcutiers français où l'embargo russe laisse visiblement des traces. Henri Raffin, qui s'est lancé dans l'export voilà six ans et y réalise aujourd'hui 10 % de ses ventes, « a essuyé les plâtres en Russie », selon Sandrine Pagneux, responsable export. Pour aborder ce marché, la PME avait dû adapter ” son process (avec un surembossage par exemple). L'entreprise se concentre dorénavant plus sur les pays d'Europe (Belgique, Scandinavie, Autriche, Allemagne) même si elle reste à l'écoute de ce qui se passe sur le marché chinois.
“ On a essuyé les plâtres en Russie
Visages tendus du côté de la Coo-perl. Après la fermeture de la Russie, la coopérative bretonne a vu ses containers de porc bloqués en Chine pour des problèmes administratifs. Il semblerait que la situation se débloque, mais elle aura engendré des coûts pour l'entreprise qui prospecte actuellement dans les pays asiatiques périphériques à la Chine. « Taïwan démarre », confiait un représentant sur le stand.