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L’affichage environnemental a un an pour faire ses preuves

Initialement prévue pour janvier 2011, la généralisation de l’affichage environnemental des produits et services est désormais conditionnée à une expérimentation d’un an qui débutera en juillet 2011. Les discussions sur les méthodologies sont loin d’être closes.

La France a fait le choix d’avancer simultanément sur plusieurs critères pour l’affichage environnemental et espère trouver un dispositif sur lequel il peut y avoir une convergence internationale.
La France a fait le choix d’avancer simultanément sur plusieurs critères pour l’affichage environnemental et espère trouver un dispositif sur lequel il peut y avoir une convergence internationale.
© DR

Plus de mille experts planchent sur le sujet. Et pourtant, l’affichage environnemental à la française, qui devait être généralisé à partir de janvier 2011, est loin d’être au point. Les groupes de travail de la plateforme ad hoc Ademe/Afnor n’ont pas encore rendu leur copie, qu’ils soient généralistes comme ceux qui réfléchissent au format d’affichage et à la méthodologie globale, ou sectoriels, comme le GT1 qui travaille sur les produits alimentaires. Finalement, l’ampleur du travail est telle que le parlement a dû en ajourner la mise en oeuvre, et a souhaité qu’une expérimentation d’un an permette de tester différents dispositifs avant d’envisager leur généralisation.

« CE N’EST QU’APRÈS LE BILAN TIRÉ DE LA PHASE EXPÉRIMENTALE D’UN AN À PARTIR DE JUILLET 2011, QUE L’AFFICHAGE ENVIRONNEMENTAL POURRA ÊTRE ENVISAGÉ. »

UNE APPROCHE AMBITIEUSE TYPIQUEMENT FRANÇAISE
Car contrairement à d’autres pays, la France a fait de choix d’avancer simultanément sur plusieurs fronts. Si l’indicateur carbone est le plus avancé et commun à toutes les démarches, l’affichage multicritère est envisagé pour tous les produits. « L’atout de cet affichage environnemental à la française est de forcer le débat autour de la problématique, analyse Sébastien Humbert, expert en analyse de cycle de vie de la société Quantis. Il impose aux consommateurs de prendre leurs responsabilités, et contraint les entreprises à être plus transparentes et plus ouvertes. Elles sont obligées de prendre au sérieux les questions de développement durable. J’ai été favorablement surpris que la France choisisse la difficulté avec un affichage multicritère bien que je m’interroge toujours sur les possibilités de mise en oeuvre. » Pour chaque catégorie de produit, un groupe d’experts doit sélectionner les indicateurs qui s’ajouteront à l’empreinte carbone. Ceux sur lesquels s’oriente le GT1 sont plutôt spécifiques de la phase agricole. « Ce sont les critères de pollution de l’eau et de biodiversité qui sont à l’étude », précise Jean-Baptiste Dollé, de l’Institut du l’élevage. « L’agriculture est l’activité qui impacte le plus la biodiversité, souligne Antonin Vergez, du ministère de l’Écologie et du Développement durable. A partir du moment où la France a choisi un affichage multicritère, il est logique de choisir un indicateur d’érosion de la biodiversité pour les produits agricoles. » Idem pour la pollution de l’eau avec les problèmes d’eutrophisation et d’écotoxicité. Une fois les indicateurs sélectionnés, le problème se corse quand il s’agit d’établir les procédures d’évaluation : les données manquent, les modes de calcul sont à choisir, affiner, construire. « Les méthodes mises au point, malgré tous les experts mobilisés, seront forcément imparfaites, estime Sébastien Humbert. Il y aura des erreurs, mais l’important est que l’information sur la majorité des milliers de produits affichés aille dans la bonne direction et pousse les consommateurs et les producteurs vers des produits ayant moins d’impact. Tout le monde devra prendre ses responsabilités. » Pour l’instant, la phase de test menée sur 150 produits alimentaires par l’Ania/FCD depuis un an a surtout mis en avant certaines lacunes : les bases de données disponibles sont insuffisantes, certaines informations sont difficiles à obtenir pour les produits importés, et les méthodologies utilisées ne permettent pas toujours une discrimination pertinente des produits.

APPEL À VOLONTAIRES
Pour être définitivement retenus, ces indicateurs devront passer à travers les mailles de la phase expérimentale qui débutera en juillet prochain. L’expérimentation devra impérativement porter sur plusieurs critères, a indiqué Chantal Jouanno, secrétaire d’État à l’Écologie, lors d’un colloque organisé par l’Ania fin octobre. L’expérimentation sera conduite sur une base volontaire : un appel à candidatures invite les filières, les entreprises, les syndicats intéressés à se manifester avant la fin 2010, pour un affichage destiné au consommateur à partir de juillet 2011. Un cahier des charges encadre leur participation (lire en page 15), mais une grande latitude de propositions est laissée aux participants. Les pouvoirs publics comptent sur cette phase d’essai pour lever certains obstacles, mais espèrent aussi voir émerger des solutions nouvelles et performantes…
LAURENCE MOUQUET

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